Le monastère de Shaolin du sud, entre mythe et réalité


Cet article fait suite à celui du monastère de Shaolin du Henan, où j’y ai indiqué les grandes lignes historiques de ce monastère mythique connu dans le monde entier.

Le monastère de Shaolin du sud est quant à lui beaucoup plus mystérieux et moins connu du grand public. Il est cependant profondément ancré dans la culture des arts martiaux du sud de la Chine. Il a d’abord été mise en scène par de nombreux romans épiques chinois de type Wuxia 武侠 et par la suite dans le cinéma hongkongais avec ces innombrables films de Kung Fu.

Affiche de « Invincible Shaolin » un film de Chang Cheh de 1978. Dans ce film, on peut y voir des maîtres du monastère Shaolin du nord affronter des maîtres du monastère Shaolin du sud.

Pour ma part, c’est en lisant les origines du Wing Chun de Ip Man [1] que j’ai eu envie de m’intéresser de prêt à son Histoire. Comme le cite Ip Man dans son manuscrit, ce mystérieux monastère est principalement connu à travers la légende des 5 anciens de Shaolin ; écrit en pinyin mandarin Shaolin Wu Zu, je lui préfère cependant l’écriture en jyutping cantonais Siulam Ng Zou, puisque cette légende est bien attribuée au sud de la Chine. Peu importe la romanisation utilisée, en caractère chinois les 5 anciens de Shaolin s’écrit 少林五祖.

Dans ses grandes lignes, la légende des 5 anciens de Shaolin raconte que les Qing (les mandchous) ont détruit le monastère de Shaolin du sud car ils suspectaient les moines de trahir l’empereur. Suite à la destruction du monastère, seuls 5 survivants ont échappé aux mandchous. Avant de se séparer, les 5 survivants font le pacte de « renverser les Qing et restaurer les Ming », la célèbre doctrine Fan Qing Fu Ming 反清復明 est née.

Les origines du Wing Chun écrit par Ip Man vers 1965/66. Source : www.vingtsun.org.hk

A noter que Ip Man indique dans son manuscrit qu’il s’agit du monastère Shaolin de la province du Henan. Néanmoins, la plupart des autres courant d’arts martiaux du sud de la Chine rattachent cette légende au monastère Shaolin de la province du Fujian, dans le sud de la Chine [2].

Ces deux éléments, la mention de la légende des 5 anciens de Shaolin, survivants d’un monastère de Shaolin détruit par les Qing, et la doctrine Fan Qing Fu Ming, indiquent un lien indubitable avec la société secrète Tiandihui 天地會 qui s’est développée dans le sud de la Chine à partir de la fin de 18ème siècle.

Concernant le Tiandihui, je recommande grandement la lecture de The Origins of the Tiandihui, de Dian Murray (voir Sources). J’en donnerai ici quelques éléments succincts pour éclaircir notre propos. Je rédigerai certainement un article plus détaillé sur le Tiandihui car il y a beaucoup à dire sur l’influence de cette société secrète sur les arts martiaux du sud de la Chine.

 

Le monastère Shaolin du sud, un mythe à l’origine de la société secrète Tiandihui

Tout d’abord concernant le terme « sociétés secrètes », il a été donné par les intellectuels européens du 19ème siècle qui ont été les premiers à les étudier. Ils ont fait le rapprochement entre ces organisations chinoises et les sociétés secrètes européennes de l’époque, comme la franc-maçonnerie par exemple. Les intellectuels chinois utilisent un autre terme, Hui 會, qui n’a pas vraiment d’équivalent en français, ni en anglais, on le traduit le plus souvent par « société » ou « association »[3]

Sous les Qing (1644-1911), les sociétés secrètes sont de plus en plus présentes. Deux d’entre elles sont très puissantes et dominent la Chine ; au nord le Bai Lian Jiao 白蓮教 « la société du Lotus Blanc » et au sud le Tian Di Hui 天地會 « la société du Ciel et de la Terre » [4].

Le Tiandihui est créé en 1761/62 dans le Fujian [5]. En se propageant dans le sud de la Chine, le Tiandihui a parfois été désigné sous d’autres appellations comme, Sandianhui 三點會 « la société des 3 points », Sanhehui 三合會 « la société des 3 unités » ou encore par le terme Hung Mun 洪門 « la Grande Porte » utilisé plus particulièrement par les cantonais [6]. Concernant ce dernier, le caractère 洪 se réfère au nom de famille Hung 洪, du premier empereur de la dynastie Ming, Hungwu 洪武 [7]. C’est une manière de signifier l’allégeance de cette société secrète à l’ancienne dynastie chinoise des Ming.

Certificat remis au nouveau membre du Tiandihui. Source : The Triad Society or Heaven and Earth Association, William Stanton, 1900

Il existe plusieurs documents historiques racontant les origines légendaires du Tiandihui. La légende des 5 moines de Shaolin serait originaire du mythe créateur de la société secrète.

Dans ces textes, les auteurs évoquent une histoire extraordinaire, que les spécialistes comme Dian Murray ont nommé la légende Xi Lu, mettant en scène les moines survivants de Shaolin après la destruction de leur monastère par les Qing. L’adoption de cette légende donne au Tiandihui une orientation plus politique avec un sentiment anti-mandchou affirmé. La première trace de cette légende apparait au début du 19ème siècle [8]. Il existe sept versions de cette légende relativement proches les unes des autres (elles sont toutes retranscrites dans The Origins of Tiandihui de Dian Murray).

J’ai étudié deux sources qui témoignent du Tiandihui et de la légende Xi Lu :

  • La première datant de 1866, écrit par Gustave Schlegel, un naturaliste et sinologue néerlandais, à partir des livres du Hung Mun perquisitionnés à Batavia (actuellement
    Jakarta en Indonésie) ; 天地會 Thian Di Hwui, The Hung League or Heaven Earth League, a secret society with the chinese in China and India
  • La seconde datant de 1900, écrit par William Stanton, un détective de Police de Hong Kong ; The Triad Society or Heaven and Earth Association

Voici un résumé succinct de la légende Xi Lu, synthétisé à partir des textes de Gustave Schlegel et de William Stanton qui d’après Dian Murray, appartiennent tous les deux à la même version de la légende :

Au début du 18ème siècle, les Qing sont mis en difficulté par une communauté mongole, les Xi Lu 西魯 ou Eleuth, à l’ouest de l’empire. Les Qing demandent l’aide des moines Shaolin pour repousser l’ennemi. Les moines sortent victorieux de ce conflit et impressionnent grandement le pouvoir impérial, si bien que l’empereur Yong Zheng 雍親 (1722-35) craint un soulèvement des moines Shaolin contre les Qing. En 1734, l’empereur décide de détruire le monastère de Shaolin, afin d’éviter une éventuelle insurrection des moines. Il complote avec un moine corrompu nommé Ma Yi Fu 馬儀幅 [9], qui incendie le monastère de l’intérieur, tandis que les troupes mandchoues prennent d’assaut le bâtiment de l’extérieur. Plus d’une centaine de moines sont massacrés, 13 parviennent à s’enfuir mais seulement 5 d’entre eux échappent aux mandchous : Choy Tak Chung 蔡德忠, Fong Tai Hung 方大洪, Ma Chiu Hing 馬超興, Wu Tak Tai 胡德帝, Li Sik Hoi 李式開 [10].

L’armée Qing attaque le monastère de Shaolin. Source : dessin racontant l’Histoire du monastère de Shaolin de Quanzhou, dans le Fujian.

Les 5 survivants décident de former une alliance pour se venger des mandchous et créent la formule devenue célèbre par la suite Fan Qing Fu Ming 反清復明, que l’on peut traduire par « Renverser les Qing et restaurer les Ming » [11].

On a donc ici un sentiment anti-mandchou profondément ancré dans ce mythe qui n’apparait qu’au début du 19ème siècle. Il en ressort une forte volonté politique qui rend d’avantage légitimes les actions du Tiandihui envers les autorités mandchoues [12].

De nombreux styles du sud de la Chine évoquent une filiation de leur art martial au monastère de Shaolin du sud, par l’intermédiaire de ce mythe des 5 moines de Shaolin, avec des variations selon les récits. Il semblerait d’ailleurs que le monastère de Shaolin ait survécu uniquement dans le folklore des arts martiaux pendant plus de deux siècles. Je reviendrai en détail sur la légende des 5 anciens de Shaolin dans un prochain article.

 

Plusieurs intellectuels, occidentaux et chinois, ont présenté leurs recherches et leurs réflexions pour tâcher de mettre en évidence les preuves tangibles de l’existence du monastère de Shaolin du sud. Parmi eux, Scott Buckler expose dans sa thèse de 2010, six localités possibles dans la province du Fujian [13]. Dans la suite de cet article, je fais le point sur trois d’entre elles : Putian 莆田, Quanzhou 泉州 et Fuqing 福清. Dans ces trois localités, des monastères ont été (re)construits dans les années 1990, et se réclament être le dit monastère de Shaolin du sud.

 

Les monastères de Shaolin du sud de nos jours

La plupart des chercheurs et intellectuels spécialistes dans le domaine s’accordent sur le fait que le monastère de Shaolin du sud n’est qu’un mythe. Il n’a jamais physiquement existé. Dans les sept versions de la légende de Xi Lu, le monastère de Shaolin du sud se situe dans des lieux différents. Principalement dans la province du Fujian à Fuzhou [14] et à Pulong. Toutefois pour Pulong, Dian Murray indique dans son ouvrage que ce n’est pas un lieu réel [15]. On trouve également dans une des version de la légende Xi Lu, la province de Gansu comme étant le lieu où se situe le monastère de Shaolin [16].

Toutefois, dans les années 1990, trois monastères ont été (re)construits à Putian, Quanzhou et Fuqing. Ces trois localités se situent dans la province du Fujian. Les collectivités de chacune de ces localités revendiquent l’authenticité de leur monastère. Elles mettent en avant des preuves archéologiques, néanmoins critiquées, pour affirmer leur légitimité comme des pierres avec de vieilles inscriptions, de la poterie et des sites de fouilles archéologiques.

Les monastères de Putian, Quanzhou et Fuqing véhiculent également leur Histoire que l’on peut découvrir sur internet, à partir de nombreux blogs et vlogs de voyage de personnes s’étant rendues dans ces monastères. Par exemple vous pouvez consulter les articles de kungfumagazine.com écrits par le professeur Gregory Brundage. Les paragraphes ci-dessous dédiés à chaque monastère, s’y appuieront essentiellement.

 

Putian 莆田

Monastère de Shaolin de Putian. Sur la porte en haut à gauche, il est écrit Naam Siu Lam Zi 南少林寺, qui signifie « le monastère de Shaolin du sud ». Source : Google Maps.

Le monastère de Putian s’appellerait à l’origine le temple Linquanyuan, il aurait été fondé en 557. Lors du règne de Tang Taizong 唐太宗 (626-649), des moines Shaolin du Henan auraient été envoyés dans le Fujian pour combattre des pirates qui pillaient les côtés chinoises. Ces moines auraient été menés par l’un des 13 fameux guerriers de Shaolin ayant protégés l’empereur (voir mon article sur le monastère de Shaolin du Henan pour ce fait). Les moines auraient alors fondé le monastère de Shaolin du sud. Par la suite, le  monastère aurait été détruit sous les Qing et laissé à l’état de ruines pendant plus de 200 ans. Dans les années 1980, on aurait redécouvert ces ruines et décidé de reconstruire le monastère qui ouvrit ses portes au public à la fin des années 1990 [17].

Voici le résumé de Gregory  Brundage, écrit en octobre 2014, à propos du monastère de Shaolin de Putian : « Il existe de nombreuses preuves historiques que ce monastère de Putian était associé à Shaolin pendant des siècles; cependant, il semble que peu d’efforts soient investis pour prouver ou communiquer son authenticité historique. Au lieu de cela, il semble être un (assez petit) monastère consacré au bouddhisme et à la propagation des arts martiaux de Shaolin, dans cet ordre. Peut-être que si plus de moines Shaolin avaient été là, cela aurait pu être différent. »

A noter que Putian est le lieu où se situe le monastère de Shaolin dans la légende Xi Lu de William Staton [18].

 

Quanzhou 泉州

Monastère de Shaolin de Quanzhou. Sur la porte en haut à gauche et le panneau en bas à droite, il est écrit Siu Lam Sim Zi 少林禪寺, qui signifie « le monastère bouddhiste Shaolin ». Source : Google Maps.

D’après ce que revendique le monastère de Quanzhou, il aurait été fondé au 7ème siècle sous la dynastie Tang, par un des 13 moines Shaolin du Henan qui avait protégé l’empereur Tang Taizong 唐太宗 (626-649). A l’origine il portait le nom de monastère Zhenguo Dongchan Shaolin 鎮國東禪少林寺. Le monastère de Quanzhou aurait été détruit à trois reprises dont la dernière fut en 1763, sous le règne de l’empereur Qianlong 乾隆 (1733-1796) de la dynastie Qing. Le monastère a été reconstruit à partir de 1992 et les premiers bâtiments ont été réhabilités en 1997.

A Quanzhou, il a existé également un grand monastère bouddhiste, détruit lors de la Révolution. Depuis, le territoire a été réaménagé et une prison a été construite sur les restes de l’ancien cimetière du temple. Cependant, aucune recherche archéologique n’a confirmé l’existence d’un monastère dit de Shaolin [19].

 

Fuqing 福清

Le monastère de Shaolin de Fuqing. Sur la porte en haut à gauche, il est écrit Naam Siu Lam Zi 南少林寺, qui signifie « le monastère de Shaolin du sud ». Source : Google Maps.

Le monastère de Fuqing est le plus rural des trois monastères du Fujian. C’est aussi lui qui a une plus grande collection d’artéfacts archéologiques et dont les ruines sont encore visibles. Il aurait été fondé en 627. Le monastère a été reconstruit dans les années 1990 et c’est le dernier à avoir terminé ses rénovations.

Gregory Brundage explique que la raison la plus probable pour laquelle Fuqing possède une collection importante d’artéfacts est qu’il se trouve à la campagne, loin d’un centre urbain, ce qui lui a permis de mieux protéger ses trésors anciens durant les troubles rencontrés au cours des derniers siècles en Chine, contrairement à Putian et Quanzhou.

D’autres experts s’accordent sur le fait que Fuqing pourrait apparaître comme le plus plausible des trois monastères à être le prétendu monastère de Shaolin du sud [20]. D’autant plus que le monastère de Fuqing est situé à proximité Fuzhou, une des localités citées dans une des sept versions de la légende Xi Lu. En effet, dans la version de Gustave Schegel, le monastère de Shaolin du sud se situe à Fuzhou [14].

 

Conclusion

Malgré les ruines découvertes et les éléments archéologiques, notamment pour le monastère de Fuqing qui compte de nombreux artéfacts, les chercheurs sont controversés sur l’authenticité des trois monastères de Shaolin du Fujian.

Le problème vient peut être du manque cruel de croisement de sources historiques. Contrairement au monastère du Henan, il n’existe pas de documents officiels qui témoignent de ce monastère. Aucune dynastie, des Tang (618 à 907) aux Qing (1644 à 1912), ne fait mention d’un quelconque monastère de Shaolin dans le Fujian. Aucun intellectuel de ces époques ne témoigne de ce monastère, pas même Yu Dayou 俞大猷 (1503-1579), le célèbre général ayant lutter contre les pirates wokou 倭寇 dans le Fujian et ayant été entrainé au monastère de Shaolin du Henan [21].

Les trois monastères du Fujian ont été (re)construits dans les années 1990, après l’effervescence qu’à entrainer la réhabilitation du monastère de Shaolin du Henan dans les années 1980 qui comptait alors plus de 1 million de visiteurs par an [22]. Il est important de préciser toutefois que les monastères de Putian, Quanzhou et Fuqing ne sont pas considérés comme des sous-temples contemporains liés au monastère de Shaolin du Henan. Tout cela peut nous amener à douter de l’authenticité des sources historiques et archéologiques de ces bâtiments, étant donnée l’attrait touristique [23] et donc économique important que peuvent apporter de tels monastères [24], à l’instar du monastère de Shaolin du Henan.

 

Le fait qu’il y ait trois monastères qui prétendent être le fameux monastère de Shaolin du sud amène nécessairement une question légitime : pourquoi y’en a t-il trois ? Les diverses histoires et légendes à propos de ce monastère ont toujours fait état d’un seul monastère de Shaolin du sud. A partir de là, on peut donc établir trois hypothèses :

1/ Un seul des trois monastères est le prétendu monastère de Shaolin du sud et par conséquent les deux autres sont des faux.

2/ Les trois monastères ont été au cours de leur histoire, peut-être à un moment donné, l’un à la place des deux autres, le monastère de Shaolin du sud.

3/ Aucun des trois monastères n’a été le monastère de Shaolin du sud. Le monastère n’a jamais existé physiquement. Il n’est qu’un symbole.

 

Pour la première hypothèse, l’avenir nous le révélera peut-être, si une source archéologique infaillible mettra d’accord la communauté des chercheurs dans le domaine.

Toujours pour la première hypothèse, ainsi que pour la deuxième, on peut supposer que des moines de Shaolin du Henan auraient pu séjourner dans un monastère du Fujian, pour une période plus ou moins longue, afin de lutter contre les raids des pirates wokou. On sait que dans les années 1550, les moines Shaolin du Henan, parmi d’autre moines combattants, ont lutté et vaincu des pirates dans le golf de Hangzhou (près de Shanghaï) [25]. Au 16ème siècle, il n’était pas rare que les armées Ming soient suppléées par des moines-guerriers pour lutter contre les ennemis de l’Empire. Un contingent de moines de Shaolin aurait pu s’installer dans le Fujian en prévention pour lutter contre les wokou et éventuellement changer de lieu à plusieurs reprises. D’autre part, ces trois localités sont proches des côtes, donc bien situées pour répondre à un raid de pirates venus de la mer. Les monastères ayant accueillis les moines de Shaolin auraient pu être renommés à leur tour « monastère de Shaolin », ou si ce n’est pas le cas, être en tout cas profondément marqués par la présence de ces moines-guerriers.

Pour la dernière hypothèse, il est certain que le monastère de Shaolin du sud a été un symbole fort dans le cercle des arts martiaux et des sociétés secrètes du sud de la Chine dès la fin du 18ème siècle. Robert Chu et Rene Ritchie suggèrent que le monastère pourrait être un code de reconnaissance entre membres de société secrète d’une part, puis des pratiquant d’arts martiaux d’autre part [26]. La légende Xi Lu était divulguée durant la cérémonie initiation des nouveaux membres du Tiandihui (voir ci-dessous). Cette légende est basée sur des éléments populaires inspirés parfois des romans Au bord de l’eau et Les Trois Royaumes, deux des quatre romans classiques chinois, de croyances et d’histoires culturelles locales, ainsi que d’événements ayant eu lieu au monastère de Shaolin du Henan [27], comme l’extraordinaire histoire des 13 moines de Shaolin qui sauvent Li Shimin, le futur empereur Tang Taizong [28]. La légende Xi Lu s’est surtout développée à partir du début du 19ème siècle pour justifier davantage les causes politiques et l’existence même du Tiandihui.

Ci-dessous un extrait du rituel d’initiation d’un nouveau membre du Tiandihui d’après les écrits de Gustave Schlegel [29], les questions (Q) sont posées par « le maître de cérémonie » tandis que les réponses (R) sont données par « l’avant-garde » qui parle au nom des nouveaux membres :

Q : Comment avez-vous acquis votre connaissance de l’art militaire ?

R : Je l’ai appris au couvent de Shaolin.

Q : Qu’avez-vous appris en premier ?

R : J’ai d’abord appris l’art de la boxe des frères Hung.

Q : Comment pouvez-vous le prouver ?

R : Je peux le prouver par un verset.

Q : Que dit ce verset ?

R : Les poings des courageux et vaillants Hung sont connus du monde entier.

      Depuis le couvent Shaolin, ils ont été transmis.

                Sous toute l’étendue du ciel, nous sommes tous appelés Hung.

                Ensuite, nous assisterons le prince de la maison de Ming.

Pour conclure cet article, je voudrais cité Dian Murray qui résume parfaitement l’impact du monastère de Shaolin du sud dans la culture populaire [30] :

« Dans le domaine de la culture populaire, le temple de Shaolin [du sud], réputé par le mythe fondateur de la Triade [ou Tiandihui] comme ayant été le site de la première société secrète, profite de sa double réputation ; d’une part, en tant qu’origine légendaire des arts martiaux chinois pour devenir un lieu de pèlerinage pour les pratiquants chinois et occidentaux, et d’autre part, pour alimenter de nombreux romans et films commerciaux ».


Sources

[1] www.vingtsun.org.hk

[2] Hung Kuen part two, p29-30, Leung’s Publications, 1981

[3] The Origins of the Tiandihui: The Chinese Triads in Legend and History, p1 et p4, MURRAY Dian, QIN Baoqi, ed. Stanford University Press, 1994

[4] Les sociétés secrètes en Chine, p31, CHESNEAUX Jean, ed. Julliard, 1965

[5] The Origins of the Tiandihui: The Chinese Triads in Legend and History, p17, MURRAY Dian, QIN Baoqi, ed. Stanford University Press, 1994

[6] The Origins of the Tiandihui: The Chinese Triads in Legend and History, p2, MURRAY Dian, QIN Baoqi, ed. Stanford University Press, 1994 et Stangers at the Gate, p118, WAKEMAN Frederic, ed. University of California press, 1966

[7] Myth in the Shape of History: Elusive Triad Leaders (Chinese Triads: Perspectives and Histories, Identities, and Spheres of Impact), p20 et p24, TER HAAR Barend, ed. Singapore History Museum, 2002

[8] The Origins of the Tiandihui: The Chinese Triads in Legend and History, p37, MURRAY Dian, QIN Baoqi, ed. Stanford University Press, 1994

[9] The Triad Society or Heaven and Earth Association, p31, STANTON William, ed. Kelly & Walsh. 1900

[10] The Triad Society or Heaven and Earth Association, p31, STANTON William, ed. Kelly & Walsh. 1900 et 天地會 Thian Di Hwui, The Hung League or Heaven Earth League, a secret society with the chinese in China and India, p15, SCHLEGEL Gustave, ed. Lange & Co., 1866

[11] 天地會 Thian Di Hwui, The Hung League or Heaven Earth League, a secret society with the chinese in China and India, p7 à p19, SCHLEGEL Gustave, ed. Lange & Co., 1866

[12] The Origins of the Tiandihui: The Chinese Triads in Legend and History, p89, MURRAY Dian, QIN Baoqi, ed. Stanford University Press, 1994

[13] Sects and violence : development of an inclusive taxonomy to hermeneutically explore the histo-philosophical motivators for the inception and development of the martial art, Wing Chun Kuen, p144 à p148, BUCKLER Scott, Coventry University, 2010

[14] The Origins of the Tiandihui: The Chinese Triads in Legend and History, p204, MURRAY Dian, QIN Baoqi, ed. Stanford University Press, 1994 et 天地會 Thian Di Hwui, The Hung League or Heaven Earth League, a secret society with the chinese in China and India, p8, SCHLEGEL Gustave, ed. Lange & Co., 1866

[15] The Origins of the Tiandihui: The Chinese Triads in Legend and History, p212, MURRAY Dian, QIN Baoqi, ed. Stanford University Press, 1994

[16] The Origins of the Tiandihui: The Chinese Triads in Legend and History, p198, MURRAY Dian, QIN Baoqi, ed. Stanford University Press, 1994

[17] Origin of Wing Chun an Alternative Perspective, p10, BUCKLER Scott, Journal of Chinese Martial Studies, Issue 6, winter 2012

[18] The Triad Society or Heaven and Earth Association, p29, STANTON William, ed. Kelly & Walsh. 1900 William Staton

[19] Ritual & Mythology of the Chinese Triads: Creating an Identity, p405, TER HAAR Barend, ed. Brill, 1998

[20] The Shaolin Monastery : History, Religion, and the Chinese Martial Arts, p234, SHAHAR Meir, ed. University of Hawai’i Press, 2009

[21] Ibid, p63-65

[22] Ibid, p9

[23] Origin of Wing Chun an Alternative Perspective, p14, BUCKLER Scott, Journal of Chinese Martial Studies, Issue 6, winter 2012

[24] journals.openedition.org et Hung Kuen part two, p30, Leung’s Publications, 1981

[25] The Shaolin Monastery : History, Religion, and the Chinese Martial Arts, p69, SHAHAR Meir, ed. University of Hawai’i Press, 2009

[26] Complete Wing Chun: The Definitive Guide to Wing Chun’s History and Traditions, p106-107, CHU Robert, RITCHIE Rene, ed. Tuttle Publishing, 1998

[27] Origin of Wing Chun an Alternative Perspective, p11-12 et p169, BUCKLER Scott, Journal of Chinese Martial Studies, Issue 6, winter 2012

[28] Origin of Wing Chun an Alternative Perspective, p14, BUCKLER Scott, Journal of Chinese Martial Studies, Issue 6, winter 2012 et Stangers at the Gate, p119, WAKEMAN Frederic, ed. University of California press, 1966

[29] 天地會 Thian Di Hwui, The Hung League or Heaven Earth League, a secret society with the chinese in China and India, p65, SCHLEGEL Gustave, ed. Lange & Co., 1866 et Les sociétés secrètes en Chine, p31, CHESNEAUX Jean, ed. Julliard, 1965

[30] China Review International : A Journal of Reviews of Scholarly Literature in Chinese Studies, Vol 7, No 1, p37, MURRAY Diane, University of Hawai’i Press, 2000


 

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