Le monastère de Shaolin représente un symbole fort pour la communauté des pratiquants d’arts martiaux, en particulier pour les adeptes de styles chinois, dont je fais partie. Les romans chinois de type Wuxia 武侠 et par la suite le cinéma hongkongais de l’après-guerre, ont contribué à véhiculer des mythes et légendes autour des célèbres guerriers du monastère de Shaolin. De nos jours, les troupes de moines Shaolin sont toujours très actives et donnent des représentations à travers le monde entier. Ils entretiennent fortement l’image du moine guerrier bouddhiste discipliné et étant capable de prouesses physiques extraordinaires, si bien que dans la culture commune lorsqu’une personne entend parler du terme Kung Fu, elle l’assimile très souvent au moine crane rasé, habillé en orange ou bleu, ayant une technique de combat très dynamique et athlétique.
Il en est pourtant tout autrement pour certains styles de Kung Fu, dont le Wing Chun que je pratique. En effet, il existe une très grande variété de pratiques dans les arts martiaux chinois et certains styles de Kung Fu ne se ressemblent pas du tout.
Concernant le monastère de Shaolin du Henan, c’est en lisant les origines du Wing Chun [1] de Yip Man que j’ai eu envie de m’intéresser davantage à son Histoire. Yip Man cite dans son manuscrit le monastère de Shaolin du Henan comme étant à l’origine du Wing Chun. Il indique notamment que sous le règne de l’Empereur Kwangxi (1662-1722), le deuxième empereur de la dynastie mandchoue (les Qing), le monastère de Shaolin de la province du Henan, représentait une puissante organisation militaire qui éveilla la crainte des mandchous. Shaolin fut donc incendié et les moines furent exterminés pour éviter tout mouvement de rébellion.
Il existe d’autres versions de cette légende, connues sous les termes les 5 moines de Shaolin, les 5 survivants de Shaolin ou encore les 5 anciens de Shaolin 少林五祖. Cette légende fera l’objet d’un prochain article.
Sans entrer dans les détails chronologiques, je vais exposer dans cet article les principaux faits historiques afin de les distinguer des faits légendaires que l’on attribut au monastère de Shaolin du Henan. En fait, l’Histoire du monastère est assez bien connue car il existe toujours des sources historiques officielles, malgré la perte considérable de documents précieux suite à la dernière destruction du monastère en 1928.
Pour plus de détails sur le monastère de Shaolin du Henan, je recommande vivement le formidable travail de Meir Shahar dans son livre The Shaolin Monastery (voir Sources), que je citerai à plusieurs reprises dans cet article.
Le monastère de Shaolin, un centre militaire au service de l’Empereur
Le monastère de Shaolin se situe dans la province du Henan, sur le Mont Song, une des 5 montagnes sacrées de la Chine, les Wu Yue 五嶽. Ces 5 montagnes correspondent au 5 points cardinaux ; nord, sud, est, ouest et centre. Le Mont Song représente le centre (« Song Shan » sur la carte ci-dessous) [2]. A l’époque des différentes dynasties chinoises, ces montagnes symbolisées à elles seules tout l’empire chinois et les empereurs ou leurs émissaires les visitaient régulièrement pendant leur règne.
Déjà au 1er siècle le Mont Song était un lieu important pour la religion taoïste. Au 5ème siècle, les premiers missionnaires bouddhistes y voient un fort potentiel religieux et s’y installent progressivement à leur tour. L’Empereur Xiaowen 孝文 (471-499) permit au moine indien bouddhiste Batuo 跋陀 de construire le premier monastère bouddhiste de Chine : Shaolin ; shao 少 signifiant petit et lin 林 signifiant forêt, le monastère de la petite forêt [3].
Au 6ème siècle le moine indien Bodhidharma 菩提達摩, parfois appelé simplement Damo 達摩, se rend à Shaolin et y séjourne pendant plusieurs années pour y transmettre le bouddhisme Chan. Selon la légende, il aurait également transmis aux moines ses connaissances en arts martiaux.
Sous le règne de l’Empereur Yang 煬 de la dynastie Sui (581-618), les moines doivent faire face régulièrement à des raids de brigands et pour ce faire, ils utilisent les arts martiaux, en particulier de simples bâtons, pour repousser leurs agresseurs. La technique de bâton du monastère de Shaolin acquière très vite une renommée importante [4].
Les prouesses martiales des moines Shaolin prennent vite une ampleur importante, si bien qu’en 621, le général Li Shimin 李世民 enrôle les moines Shaolin pour vaincre son adversaire le général Wang Shishong 王世充. Sur la stèle de 728, les noms de 13 moines Shaolin en particulier sont cités : le doyen Shanhu 善护, l’abbée Zhicao 志操, le superviseur Huiyang 惠玚, le général en chef Tanzong 昙宗 et les moines Puhui 普惠, Mingsong 明嵩, Lingxian 灵宪, Pusheng 普胜, Zhishou 智守, Daoguang 道广, Zhixing 智兴, Man 僧满 et Feng 僧丰 [5].
En 626, Li Shimin succède à son père et devient le 2ème empereur de la dynastie des Tang. Il prend le nom de Tang Taizong 唐太宗 (626-649). Pour remercier les moines de leur participation à la lutte face au général Wang Shishong, l’Empereur Taizong propose aux 13 moines Shaolin des postes à responsabilité. Toutefois, les moines déclinent l’offre de l’Empereur [5].
Sous les Tang, la capitale de l’Empire est transférée à Luoyang, qui se situe à une cinquantaine de kilomètres de Shaolin. Le monastère devient alors un point géostratégique et se militarise de plus en plus. Les Tang n’ont pas été très favorable au développement du bouddhisme mais ils ont encouragé le développement militaire du monastère en mémoire du soutien des moines Shaolin à l’Empereur Tang Taizong [6].
Les moines bouddhistes devenus des moines guerriers
La pratique du bouddhisme Chan au monastère Shaolin, comme tous les autres courants bouddhistes, devaient respecter les 5 principaux préceptes qui sont : ne pas tuer, ne pas voler, ne pas avoir de relations sexuelles illégitimes, ne pas mentir et ne pas consommer de substances altérant l’esprit. Le développement des activités militaires des moines guerriers semble donc être assez contradictoire avec le précepte ne pas tuer, qui sous entend, ne pas utiliser la violence. En effet, le concept de la non-violence, nommée Ahiṃsā en sanscrit est très fortement répandu dans l’hindouisme, le jaïnisme et le bouddhisme [7].
Comment ces moines bouddhistes sont-ils devenus des moines guerriers ?
Les moines Shaolin ont rendu très tôt un culte à plusieurs divinités bouddhistes, que l’on appelle bodhisattva en sanskrit. Au 8ème siècle, sous les Tang, on trouve des références à la divinité indienne Vajrapani, que les chinois ont appelé Jingangshou 金剛手. Vajrapani est à l’origine le gardien de Siddhartha Gautama, qui deviendra le Bouddha. La divinité le protège armé de son varja, d’où son nom Vajrapani ; vajra signifiant à la fois foudre/diamant et pāni signifiant dans la main [8].
En 1351, le monastère est attaqué par des brigands appartenant aux Turbans rouges*. Une légende raconte que Vajrapani se serait incarné à l’aide d’ustensile de cuisine pour protéger les moines de l’attaque des Turbans rouges. D’autres prétendent qu’il s’agissait d’un moine cuisinier excentrique, parfois ayant même la gale, et qui serait la réincarnation du roi Kinnara [9].
* La révolte des Turbans rouges a été un ensemble de rébellions qui a perturbé la Chine pendant 20 ans au 14ème siècle. Ces rébellions ont mis fin à la dynastie Yuan en 1368. Nota bene : la révolte des Turbans rouges du 14ème siècle ne doit pas être confondue avec la rébellion des Turbans rouges de 1854-56 dans le Guangdong (cet événement fera l’objet d’un prochain article).
Pour l’anecdote, d’une certaine manière le personnage de Wudao, interprété par Jackie Chan, dans le film Shaolin (dont l’Histoire se déroule dans les années 1920), fait référence à ce cuisinier légendaire du 14ème sicèle.
Par la suite Vajrapani apparaît armé d’un bâton (cet outil est devenu l’arme emblématique des moines de Shaolin). A partir du 16ème siècle, d’autres divinités sont apparues (Narayana ou Kimnara) qui, comme Jingangshou, ont été d’autres noms qui se référaient toujours à la même divinité bouddhiste : Vajrapani [10].
Par conséquent, la pratique martiale des moines de Shaolin était liée à la vénération des divinités bouddhistes [11]. Le culte rendu à ces divinités ont permis aux moines bouddhistes de Shaolin de justifier leur pratique martiale et leurs actes de violence.
D’autre part, les bouddhistes, comme d’autres, ont su trouver des moyens pour justifier la violation de leurs propres principes. Par exemple, dans le bouddhisme mahayana, dont est issu le bouddhisme Chan du monastère de Shaolin, on peut admettre le meurtre par compassion. C’est-à-dire que lorsqu’il n’y a pas d’autre moyen d’empêcher un crime, il est préférable de tuer le dit-criminel avant qu’il ne commette son acte. Par ce fait, le criminel évite d’engendrer un mauvais Karma et des punitions dans l’au-delà [12].
Shaolin acquière une réputation légendaire sous les Ming (1368-1644)
Au cours du 16ème siècle, l’armée des Ming tombe en déclin. Des rébellions dans le nord du pays et des raids sur les côtes dans l’est mettent l’Empire chinois en grande difficulté.
Les moines Shaolin ont apporté un soutien considérable aux Ming face aux rébellions et à la piraterie. Cependant, la renommé des moines combattants a pris toute son importance lors de leur engagement contre les terribles pirates japonais, les Wokou 倭寇, qui sévissaient sur les côtes chinoises [13]. Les Wokou avaient leur base dans l’île de Kyushu au Japon et ils étaient composés de personnes marginales de la société japonaise. Ils ont entrepris des raids dans les provinces du Jiangsu, Zhejiang et Fujian à partir de 1553 [14].
Certains généraux très célèbres pour avoir lutté contre les Wokou, comme Yu Dayou 俞大猷 (1503-1579) ou Qi Jiguang 戚繼光 (1528-1588) ont bénéficié d’un entrainement militaire à Shaolin [15].
Les moines Shaolin n’ont pas été les seuls à être utilisés pour servir les Ming. Il y a eu aussi les moines de Funiu 伏牛 et de Wutai 五台. L’ensemble de ces moines guerriers étaient amenés à voyager pour échanger et enrichir leur pratique martiale. Par exemple au 16ème siècle, Biandun 匾國, un moine Shaolin expert en bâton, s’est rendu dans les temples du Mont Emei pour transmettre son art [16]. Bien loin de l’image pieuse et exemplaire que l’on peut se faire, les moines itinérants échappaient aux règles monastiques usuelles et consommaient, pour la plus part, de la viande et du vin, ce qui était normalement interdit par les préceptes bouddhistes [17].
La suspicion des Qing (1644-1912) met en retrait le monastère de Shaolin
A la veille de la prise du pouvoir par les mandchous (les Qing) le monastère de Shaolin est anéanti. En 1641, une armée de paysans de plusieurs milliers d’homme dirigée par Li Zicheng 李自成 envahit la province du Henan et détruit le monastère de Shaolin. Pendant, les premières décennies des Qing, le monastère est laissé à l’abandon [18]. Progressivement les empereurs mandchous essaient de réhabiliter le monastère en réintégrant des moines et en entreprenant d’importants travaux de reconstruction ; l’Empereur Kangxi (1662-1722) a offert deux calligraphies au monastère et les empereurs Yongzheng (1722-1735) et Qianlong (1735-1796) ont entreprit la restauration des bâtiments du monastère [19].
Dans les origines du Wing Chun [1] , Yip Man a indiqué que le monastère de Shaolin du Henan a été détruit sous le règne de Kwangxi. En réalité, cet évènement n’a pas eu lieu.
Toutefois, il est important de préciser que contrairement au Ming, les Qing n’ont pas encouragé les activités militaires des moines de Shaolin, bien au contraire. L’Empereur Yongzheng a fait détruire tous les sanctuaires annexes à Shaolin, que l’on nommait fangtou 房頭 [20], pour briser le réseau des moines et éviter le développement de leurs activités militaires [21]. Il y avait en effet une forte suspicion de rébellion des moines contre le gouvernement mandchou.
En 1739, un haut-fonctionnaire mandchou adresse une lettre à l’Empereur Qianlong et le met en garde à propos des activités militaires du monastère de Shaolin du Henan : « Les jeunes robustes du Henan sont habitués à la violence et beaucoup étudient les arts martiaux. Par exemple, sous le prétexte d’enseigner les arts martiaux, les moines du temple Shaolin ont amassé des sédiments sans valeur. Les criminels violents étudient volontairement les coutumes diaboliques qui deviennent une mode. Les sectaires hétérodoxes ciblent de tels criminels, les tentant de rejoindre leurs sectes (sociétés secrètes), augmentant ainsi leur nombre » [22].
Le mythe indiquant la destruction du monastère de Shaolin du sud par les mandchous, a probablement été inspiré par les opérations impériales de ce type, comme celle de l’Empereur Yongzheng, visant à contrôler ou supprimer certains monastères considérés comme défaillants ou rebelles.
Le monastère de Shaolin de nos jours, un haut lieu touristique de la culture martiale
En 1928, Shaolin a été détruit par un général du Kuomintang, Shi Yousan 石友三 [23], et laissé à l’état de ruine. A partir des années 1950, le cinéma de Hongkong a mis en avant les arts martiaux chinois et le monastère de Shaolin, il en résulte l’émergence d’un fort engouement autour du mythique monastère.
En juillet 1978, les autorités du Henan ont décidé d’ouvrir le monastère Shaolin et les autres sites historiques de Dengfeng aux touristes étrangers. Doshin So, le fondateur du Shorinji Kempo, s’est rendu à deux reprises au monastère, accompagné d’une délégation japonaise. Il a fait un don au monastère de la statue de Bodhidharma et de 5 million de Yen qui ont permis d’entreprendre des rénovations importantes [24]. En effet, le monastère était sévèrement endommagé et laissé quasiment à l’abandon depuis 1928. Lorsque Maître Yongxin a découvert le monastère en 1981, pour devenir le disciple de Maître Xingzheng (1914-1987) [25], un vieux maître devenu moine à l’âge de 6 ans, il a indiqué que : « Le temple de Shaolin était à deux doigts de disparaître. Lui et son Kung Fu étaient pratiquement oubliés de tous, à l’exception de quelques adeptes qui le fréquentaient par intermittence. Tout tombait en ruine. Il ne restait qu’une douzaine de moines, dont neuf très âgés qui cultivaient moins de deux hectares pour assurer leur subsistance. » [26]
En 1982, le film The Shaolin Temple avec Jet Li, a soulevé un engouement extraordinaire pour les arts martiaux de Shaolin. La fréquentation du temple a alors explosé et est passée de 200 000 visiteurs par an en moyenne, pour atteindre les 2,6 millions en 1984 et se stabiliser autour de 1,5 million dans les années 1990.
La reconstruction du monastère est achevée en 1984 [27] et depuis la ville de Dengfeng a vu se multiplier de nombreuses écoles d’arts martiaux. Chaque année, on compte plus de 70 000 pratiquants dans les nombreuses écoles de la ville [28].
En 2010, dans le cadre des monuments historiques de la ville de Dengfeng, le monastère de Shaolin et sa « forêt des pagodes » ont été inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO [29]. Le monastère est aujourd’hui un lieu touristique incontournable en Chine, à l’instar de la Grande Muraille ou de la Cité interdite de Pékin. C’est également un lieu de « pèlerinage » pour de nombreux passionnés d’arts martiaux du monde entier.
Conclusion
Le monastère Shaolin du Henan est un temple bouddhiste dont les origines remontent à plus de 1500 ans. La proximité avec le pouvoir et l’habilité de ses moines combattants a permis au monastère de se développer et de prendre une ampleur considérable dans l’Empire du milieu, plus ou moins importante selon les époques. Bien nombres d’histoires circulent sur les moines Shaolin, alimentées par les récits populaires, les opéras, et entretenues plus récemment par le cinéma, ainsi que l’attrait touristique autour du monastère depuis les années 1980. Il faut donc bien distinguer les faits historiques, des mythes et des légendes.
Les origines des arts martiaux du sud de la Chine sont souvent reliées au monastère de Shaolin. Dans le Wing Chun, les techniques de Shaolin auraient influencé les techniques de combat à mains nues mais aussi celle du bâton long. En effet, dans la légende du Wing Chun il est dit que le moine Shaolin Gee Sin 至禪 aurait transmis le Luk Dim Bun Gwan 六點半棍 aux membres de l’opéra de la Jonque rouge et c’est par ce biais que le bâton aurait été intégré dans le système. Cependant, il faut garder en tête, que le maniement du bâton long du Wing Chun, qui s’apparent davantage au maniement d’une lance, est bien différent du maniement du bâton que l’on peut voir à Shaolin.
Toutefois, concernant la technique de bâton du monastère de Shaolin, elle a beaucoup évolué avec le temps. Elle a commencé pendant le règne de l’Empereur Yang (604-619), de la dynastie Sui (581-618) lorsque les moines ont utilisé le bâton pour se défendre contre des brigands. La pratique du bâton de Shaolin devient célèbre dès cette époque. Le maniement du bâton était composé de 18 techniques exécutées en « prise naturelle » (avec les deux mains inversées l’une par rapport à l’autre, comme pour la prise d’une lance) et avait comme mesure 8 à 9 pieds de long (soit 2,4 à 2,7 mètres de long). En fait cela correspond davantage à l’utilisation du bâton long dans le Wing Chun, au travers notamment de la forme Luk Dim Bun Gwan 六點半棍 et de ses applications [4].
Puis pendant les dynasties Song (960-1279) et Yuan (1279-1368), les moines ont décidé de raccourcir la longueur du bâton pour qu’il atteigne la hauteur des sourcils (environ 5 pieds, soit 1,5m) et faciliter ainsi son maniement. Ce changement a permis la création d’une autre prise du bâton dite « prise vers le bas » (ou les deux mains sont orientées dans le même sens, vers le bas, si l’on tient le bâton à l’horizontal) [4].
Finalement, à la fin de la dynastie Ming, l’art du bâton de Shaolin est connu dans toute la Chine et les techniques se sont diversifiées pour passer de 18 à 32 et enfin 64. L’héritage du bâton de Shaolin est très riche encore aujourd’hui, on recense de nombreuses formes comme : le Bâton pour conduire le troupeau (Qun Yang Gun 羣羊棍), le Bâton à hauteur de sourcil (Qi Mei Gun 齐眉棍), le Bâton du démon fou (Feng Mo Gun 疯魔棍), le Bâton du moine errant (Xingzhe Gun 行者棍), le Bâton à trois lignes (Sanlu Gun 三路棍) et le Bâton à six lignes (Liulu Gun 六路棍) [4].
Dans les origines du Wing Chun [1] , Yip Man indique que le monastère de Shaolin du Henan a été incendié lors du règne des mandchous. Or comme nous l’avons vu plus haut, les empereurs Qing n’ont pas détruit le monastère du Henan, bien au contraire, ils ont contribué à sa rénovation. En fait, la légende de la destruction du monastère de Shaolin par les Mandchous est davantage attribuée au monastère de Shaolin du sud dans la province du Fujian (cela sera détaillé dans un prochain article). De nombreux élèves de Yip Man se réfèrent au monastère de Shaolin du Fujian, comme Leung Ting ou Ip Chun pour ne citer qu’eux [30]. Pourquoi Yip Man a t-il donc mentionné le monastère de Shaolin du Henan dans son manuscrit ? L’a t-il confondu avec le monastère de Shaolin du Fujian ? C’est une question qui restera sans doute sans réponse.
En ce qui concerne le monastère de Shaolin du sud, ses origines sont très mystérieuses. Sa prétendue existence est peut-être à mettre en relation avec les moines Shaolin du Henan. Certains étaient itinérants et voyageaient dans tout le pays. On peut supposer qu’à un moment donné, ils se seraient installés dans un monastère annexe dans le Fujian, affilié d’une manière ou d’une autre au monastère de Shaolin du Henan. Peut-être suite aux victoires contre les pirates Wokou, le long des côtes chinoises au 16ème siècle. Les moines auraient pu s’installer dans le Fujian pour sécuriser la région et pour pouvoir répondre plus vite en cas de nouveaux raids. D’autre part, on sait qu’à cette même période, certains moines Shaolin ont séjourné pendant plusieurs années dans le Fujian, aux côtés de Yu Dayou, le célèbre général Ming, réputé pour sa lutte contre les Wokou. Hormis c’est liens directs avec le monastère de Shaolin du Henan, il semblerait que les origines du monastère du Shaolin du sud soient beaucoup plus obscures et à mettre en lien avec la création des sociétés secrètes à la fin du 18ème siècle dans le Fujian.
Sources
[1] www.vingtsun.org.hk
[3] Ibid, p9
[4] An Authentic Description of Shaolin Staff Methods 寫真少林棍法, JIANG Rongqiao 姜容樵, 1930
[5] The Shaolin Monastery, p33-34, SHAHAR Meir
[6] Roots and Branches of Wing Tsun, p19-23, LEUNG Ting, ed. Leung Ting Co, 2000 et The Shaolin Monastery, p34, SHAHAR Meir et www.shaolin.org
[7] Encyclopédie universalis – article « ahiṃsā » de Anne-Marie ESNOUL
[8] Etude de sculpture bouddhique [article], Bulletin de l’école française de l’Extrême-Orient, tome 9, p523-527, VOGEL Jean Philippe, 1909, [www.persee.fr]
[9] The Shaolin Monastery, p83-85, SHAHAR Meir et An Authentic Description of Shaolin Staff Methods 寫真少林棍法, JIANG Rongqiao et A History of Shaolin: Buddhism, Kung Fu and Identity, LU Zhouxiang, ed. Routledge, 2019
[10] Ibid, p87 et www.shaolin.org.cn
[11] Meat,Wine and Fighting Monks (article de www.kungfumagazine.com) et The Shaolin Monastery, p91, SHAHAR Meir
[12] The Shaolin Monastery, p91, SHAHAR Meir
[13] Ibid, p68-71 et Piety over Piracy: The Shaolin Monks’ Victory against Wokou, Saber and Scroll, volume 3, Issue 4, p6, LANCASTER Ryan, 2014
[15] The Shaolin Monastery, p63-65, SHAHAR Meir
[16] Ibid, p75
[17] Meat,Wine and Fighting Monks (article de www.kungfumagazine.com)
[18] The Shaolin Monastery, p182-185, SHAHAR Meir
[19] Ibid, p190-191 et Hung Kuen part2 – p29-30 et www.shaolin.org et Meat,Wine and Fighting Monks (article de www.kungfumagazine.com)
[20] The Shaolin Monastery, p47, SHAHAR Meir
[21] Ibid, p191 et Meat,Wine and Fighting Monks (article de www.kungfumagazine.com)
[22] The Shaolin Monastery, p49, SHAHAR Meir
[23] Ibid, p27 et www.shaolin.org
[24] A History of Shaolin: Buddhism, Kung Fu and Identity, LU Zhouxiang, ed. Routledge, 2019
[25] http://www.shaolin.org.cn/templates/EN_T_newS_list/index.aspx?nodeid=379&page=ContentPage&contentid=2150
[26] https://www.courrierinternational.com/article/2005/08/04/destin-kung-fu-pour-les-moines
[27] The Shaolin Monastery, p88, SHAHAR Meir
[28] Ibid, p9
[29] www.whc.unesco.org
[30] Roots and Branches of Wing Tsun, p34 et p55, LEUNG Ting et Wing Chun Kung Fu, traditional Chinese kung fu for self defense & health, p17, TSE Michael et IP Chun, ed. St. Martin’s Griffin, 1998
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