Bruce Lee, 50 ans déjà…


Rendez-vous compte, aujourd’hui, cela fait déjà 50 ans que Bruce Lee nous a quitté.

On continue encore à parler de lui, 50 ans plus tard, il est toujours un modèle, une icône et une personnalité inspirante, pour le monde des arts martiaux mais pas que.

Comme beaucoup d’adolescents, j’étais big fan de Bruce Lee dans ma jeunesse. J’avais collé au mur des posters qui recouvraient la vieille tapisserie de ma chambre qui datait des années 1970. Bruce Lee représentait pour moi à l’époque une grand source d’inspiration pour les arts martiaux. J’ai débuté les arts martiaux à 16 ans, par du jujutsu traditionnel japonais, style Hakko Ryu, car c’était à ma portée, non loin de mon domicile, j’y connaissais un membre de ma famille qui m’a introduit et j’étais dépendant d’un adulte pour me conduire et me ramener à mes cours.

Quelques années plus tard, lorsque j’ai eu ma voiture, j’ai cherché une école de Jeet Kune Do pour pratiquer l’art martial de Bruce Lee. C’était très peu répandu au début des années 2000 là où j’habitais et c’est toujours le cas aujourd’hui.

J’ai finalement opté pour le Wing Chun car je savais que c’était l’art martial de base de Bruce Lee.

Flyer avec lequel j’ai découvert le Wing Tsun de l’école de mon Sifu, en 2004.

Cet article est un hommage à cet homme et artiste martial qui m’a beaucoup inspiré dans ma jeunesse et qui continue toujours à m’inspirer aujourd’hui dans une certaine mesure. Il est indéniable que sans Bruce Lee, je ne me serais certainement pas intéressé au Wing Chun et mon parcours martial aurait été très différent.

L’article qui suit est une brève biographie de la vie de Bruce Lee. Je ne rentrerai pas dans les détails car il existe de nombreux livres, biographies, documentaires, podcast… et il y en aura certainement encore beaucoup d’autres. Pour rédiger cet article**, j’ai largement puisé de le livre de Matthiew Polly, Bruce Lee : a life [1], qui est tout simplement génial ! Très exhaustif, avec un nombre incroyable de références et de sources. L’auteur a fait un travail remarquable. Je le recommande à tous ceux qui s’intéressent à Bruce Lee (à l’heure où j’écris ces lignes, ce livre n’existe pas en version française).

** je mettrai également les références des autres sources que j’ai utilisées pour écrire ces lignes à la fin de l’article.


Le Petit Dragon de Hong Kong

Bruce Lee naît à San Franciso le 27 novembre 1940, l’année du dragon, signe de bonne augure dans l’horoscope chinois. Ses parents, *Lee Hoi Chuen (ou Li Hoi Chuen) et Grace Ho Hoi Chuen, sont aux États-Unis lors de la naissance de Bruce Lee. Son père est un comédien de l’opéra chinois de Hong Kong. Il est en représentation dans les chinatowns américains. Son nom chinois est Lee Jun Fan 李振藩, Lee étant son nom de famille, Jun signifiant « secoué, réveillé ou excité » (c’est en fait, une partie du prénom de son grand père paternel qui se nommait Li Jun Biao) et Fan signifiant la ville de San Francisco en cantonais. Ses parents doivent néanmoins lui attribuer un prénom américain, d’où Bruce Lee.

*Lee étant une version anglicisée de Li.

Le nouveau né Lee Jun Fan et ses parents, Grace Ho Hoi et Lee Hoi Chuen.

La période de l’après-guerre est plutôt prospère pour la famille Lee. Ils font partie d’une classe aisée et sont installés dans le quartier de Kowloon sur Nathan Road. Son père devient comédien dans l’industrie naissante des films de Hong Kong et gagne raisonnablement sa vie. Le jeune Bruce Lee a l’habitude de jouer sur les plateaux de cinéma et de temps à autres à passer devant la caméra pour jouer ses premiers rôles. Lors de son premier rôle principal dans le film My Son A Chang (connu aussi sous le nom de The Kid ou encore Kid Cheung), de 1950, le jeune Bruce Lee âgé de 9 ans est salué par la critique et obtient une petite notoriété. Les journaux locaux le surnomme Siu Long 小龍, le petit dragon, surnom que Bruce Lee gardera toute sa carrière.

Bruce Lee à 9 ans, jouant dans « The Kid ». Film où il acquière le surnom de Siu Lung, le petit dragon.

A l’école, le petit dragon n’est pas un élève modèle, tout du moins dans le sens scolaire du terme. Il s’affiche assez tôt en leader d’une petite bande. Il est très turbulent et cherche souvent la bagarre. Il se fait renvoyer de son école et intègre l’école Saint François Xavier (SFX) en 1956. Il y rencontre Hawkins Cheung et William Cheung (qui n’ont aucun lien de parenté) des adolescents issus de famille aisée tout comme Bruce Lee. Ensemble, ils continuent à faire les 400 coups, des bêtises et bagarres, de plus en plus sérieuses jusqu’à ce que la police le repère. Il est identifié comme délinquant, autour de ses 15/16 ans.

L’école Saint François Xavier de Hong Kong.
Bruce Lee avec Hawkins Cheung (à gauche) et William Cheung (à droite). Entre 1956/59.

Bruce Lee est intéressé par la danse et devient un excellent danseur de Cha Cha Cha, mais c’est avant tout l’art du combat qui le passionne. C’est William Cheung, son camarade d’école, qui le présente à Yip Man en 1956, Bruce Lee est alors âgé de 16 ans. Le Grand Maître l’accepte comme disciple dans son clan, mais laisse Wong Shun Leung, un de ses élèves les plus avancés de l’époque, la charge de son enseignement. Yip Man ne s’occupant que des élèves les plus avancés.

De la gauche vers la droite, en haut ; Li Kam Shing, Wong Shun Leung, Lo Bing, Tsui Kong Tin. En bas ; Chu Chong Tin, Yip Man, Yip Bo Ching. 1955, Hong Kong.
Wong Shun Leung avait la réputation d’être le meilleur combattant de Yip Man. Il a participé à de nombreux combats clandestins que l’on a appelé beimo 比武. Ces combats avaient lieu la plus part du temps sur les toits de Hong Kong, caché du public et de la vigilance de la police. Les pratiquants d’arts martiaux de Hong Kong s’affrontaient lors de ces combat qui se déroulaient le plus souvent en quelques rounds et avec un juge. Wong Shun Leung a participé à de nombreux combats et il a également organisé des combats pour ses élèves, dont Bruce Lee.
Yip Man et Bruce Lee 1956-59
Bruce Lee s’entrainant au Wing Chun dans sa jeunesse à Hong Kong.

Bruce Lee prend l’habitude de s’entrainer et de montrer ses mouvements de Wing Chun à l’école. Avec Hawkins Cheung, ils sont réputés comme étant les mauvais garçons de leur école.

En mars 1958, Bruce Lee se fait repérer pour participer au championnat de boxe anglaise organisé entre trois écoles de Hong Kong ; St Georges School, King George V School et St François Xavier School. 30 personnes participent à ce tournoi. Bruce Lee est l’un des 3 participants de l’école St François Xavier. La compétition a lieu à St George. Bruce Lee tombe dans le même groupe que Gary Elms, le champion des 3 années précédentes. Les deux adversaires s’affrontent, le combat est serré mais Bruce Lee emporte la victoire aux points. Le petit dragon ramène une médaille d’or pour son école St François Xavier.

Son addiction pour les combats de rue finit par lui causer des ennuis très sérieux. En 1959, la police identifie Bruce Lee à la suite d’un violent combat, il est clairement identifié comme un délinquant. Ses parents sont très inquiets car l’avenir de leur fils demeure très incertain. Il n’a pas de réussite scolaire, aucun projet professionnel, ses parents craignent qu’il intègre un gang et qu’il finisse mal. Son père joue de ses connaissances pour lui donner l’opportunité de partir vivre en Amérique. Il est contraint de partir vivre aux États-Unis contre sa volonté.

Bruce Lee quitte Hong Kong le 29 avril 1959 pour San Francisco.

 

Bruce Lee et son difficile rêve américain

Lorsque Bruce Lee quitte Hong Kong, il n’a pas vraiment d’idée précise sur son aventure américaine. Toutefois, il envisage dès le début de reprendre ses études et d’enseigner les arts martiaux. Concernant son bagage martial, Bruce Lee ne se considère pas comme un expert en Wing Chun lorsqu’il quitte Hong Kong. Il ressent le besoin d’enrichir ses connaissances techniques et parvint par l’intermédiaire de deux amis  de son père, Shiu Hon Sang et Fook Young, d’apprendre les bases d’autres styles de Kung Fu comme la Mante Religieuse (Praying Mantis) et les Serres de l’Aigle (Eagle Claw) en échange de cours de Cha Cha Cha.

Après un bref séjour à San Francisco, Bruce Lee s’installe à Seattle et travaille dans le restaurant chinois d’une amie de son père, Ruby Chow. Il y fréquente le Chinese Youth Club et y pratique le Kung Fu. C’est lors d’une démonstration d’arts martiaux organisée par le Chinese Youth Club, que Bruce Lee fait la connaissance de son premier élève ; Jesse Glover.

Jesse Glover, à l’époque ceinture noire de Judo, est impressionné par l’agilité et la technique de Bruce Lee. Les deux hommes sympathisent et Bruce Lee commence à enseigner son Kung Fu à un petit groupe de personne de manière informelle là où il trouve de la place, dans des parcs, des jardins, des parkings, des garages, …

Le groupe s’agrandit rapidement et est rejoint par Taky Kimura, qui travaille dans une superette non loin d’un parking dans lequel le groupe de Bruce Lee a l’habitude de s’entrainer.

A cette période les cours ont parfois lieux dans le jardin de Leroy Garcia. Les élèves de Bruce Lee étaient tous passionnés d’arts martiaux, pratiquants pour la plupart, en boxe et Judo le plus souvent. Les cours étaient d’une durée de 1h à 1h30, avec une structure régulière : échauffement, étirement, exercices techniques avec un partenaire, chisau, puis sparring sans protection et donc sans réel contact. Les cours se terminaient généralement par quelques minutes de méditation en Ma Bu 马 步 (la position du cavalier). [2]

Ce que Bruce Lee enseigne à cette époque est essentiellement des techniques de Wing Chun comme Paak Sau, Laap Sau. Pour les techniques de jambes, des coups de pieds frontaux et latéraux. [3]

Les entrainements permettent également à Bruce Lee de s’enrichir de nouvelles techniques et de les tester avec ses élèves. Il est particulièrement intéressé par certaines caractéristiques des grands boxeurs de l’époque ; le jeu de jambe et la gestion du timing de Mohamed Ali et les Bob and Weaves de Ray Robinson.

Son groupe d’élève grandissant, Bruce Lee prend finalement une salle et ouvre sa première école à 19 ans dans le Chinatown de Seattle, même pas 1 an après avoir mis les pieds aux États-Unis.

Pour attirer plus d’élèves, il fait des démonstrations dans lesquels il n’hésite pas à critiquer ouvertement les autres styles d’arts martiaux dits traditionnels. Lors de l’une de ces démonstrations, un karateka de 29 ans, nommé Yoshi Nakashi, se sent offensé par les critiques de Bruce Lee et le provoque pour un combat singulier. Bruce lee relève le défi haut la main. Il affronte son adversaire et le vainc en quelques secondes.

Bruce et son élève, Jesse Glover. Seattle 1961.

En mars 1961, il entre à l’Université de Washington à Seattle et trouve un grand intérêt pour la psychologie et la philosophie. En parallèle, il dispense toujours ses cours de Kung Fu, mais le loyer devient trop cher à assumer car il a perdu beaucoup d’élève. Il est contraint de fermer son école et de retourner s’entrainer dehors avec ses élèves les plus motivés comme Jesse Glover, Taky Kimura, James de Miles, Howard Hall et Leroy Garcia. En parallèle, Bruce Lee commence à donner des cours à l’Université et accueille de nouveaux élèves, si bien qu’en 1962, il loue à nouveau une salle dans un sous sol de Chinatown et officialise ainsi sa première école ouverte au publiquement. Elle est nommée Jun Fan *Gung Fu Institute.

*Gung Fu est l’orthographe utilisé par Bruce Lee, de nos jours c’est Kung Fu qui est généralement utilisé. Voir mon article à ce sujet.

C’est à cette époque qu’une scission à lieu entre Bruce Lee et ses premiers élèves. Avec le Jun Fan Gung Fu Institute, Bruce Lee souhaite une école plus traditionnelle, « à la chinoise », il impose désormais qu’on l’appelle Sifu et organise ses cours différemment. Jesse Glover, James De mile et Leroy Garcia n’aiment pas cette nouvelle façon de faire et préfèrent se séparer de Bruce Lee pour ouvrir leur propre groupe.

Bruce Lee à 23 ans s’entraine avec le petit ami de sa sœur, Robert Chen. Cette photo a été prise sur un toit de Hong Kong durant l’été 1963.
Bruce Lee et Yip Man. Hong Kong, été 1963.

En été 1963, Bruce Lee profite de la pause estivale pour rendre visite à sa famille et ses amis. Il passe 3 mois à Hong Kong et en profite aussi pour s’entrainer dans différentes écoles d’arts martiaux de Hong Kong pour enrichir ses techniques. Cependant, il n’est pas très bien reçu car les pratiquants d’arts martiaux de Hong Kong n’apprécient pas l’attitude cavalière du Petit Dragon.
Bruce Lee rend visite aussi à son Sihing Wong Shun Leung et son Sifu Yip Man pour s’entrainer au Wing Chun. [4]

A son retour à Seattle, Bruce Lee continue de donner ses cours à l’Université et son école dans Chinatown. Il rencontre une jeune étudiante, Linda Emery, qui intègre ses cours et devient une de ses élèves.

Après une bonne campagne de promotion, le Jun Fan Gung Fu Institute décolle et accueille vite plus d’une cinquantaine de personne. Au vu du succès de son école, Bruce Lee envisage de développer son école dans une autre ville. En 1963, il rencontre alors James Yimm Lee (qui n’a aucun lien de famille avec Bruce Lee), un pratiquant d’arts martiaux de la région de Oakland. James Yimm Lee est un pratiquant réputé, il a déjà publié des livres que Bruce Lee a lu et il est âgé de 20 ans de plus que lui. La collaboration avec James Yimm Lee permet à Bruce Lee de publié un livre ; Chinese Gung Fu : The Philosophical Art of Self-Defense. L’année suivante, il ouvre une section de Jun Fan Gung Fu à Oakland. Bruce Lee se concentre davantage sur la nouvelle école de Oakland et c’est donc Taky Kimura qui prend en charge les cours du Jun Fan Gung Fu sur Seattle.

1964 est une grande année dans la vie de Bruce Lee. Il se marie avec Linda Emery, ouvre une école de Jun Fan Gung Fu à Oakland et à l’occasion de faire une démonstration au tournoi de Long Beach organisé par Ed Parker.

Ed Parker est un pratiquant de Kenpo Karate originaire d’Hawaï  qui a fait fortune avec plusieurs dojos sur la Côte Ouest des États-Unis. Il est connu du monde du show-business et devient l’entraineur de certaines personnalités comme Elvis Presley, ce qui lui permet de faire la promotion de son Kenpo Karate. En été 1964, il organise le 1er tournoi du Long Beach International Karate Championships. Le tournoi attire beaucoup de monde et notamment des personnes du show-business d’Hollywood. James Yimm Lee, qui était un ami d’Ed Parker, donne l’occasion à Bruce Lee de rencontrer Ed Parker et de faire une démonstration de Jun Fan Gung Fu au tournoi de Long Beach.

Long Beach International Karate Championships,1964. Taky Kimura et Bruce Lee.

A l’occasion de sa démonstration au tournoi de Long Beach, Bruce Lee rencontre Dan Inosanto, un américain d’origine philippines, qui était une ceinture noire d’Ed Parker. Dan Inosanto est séduit par le charisme et le style de Bruce Lee, les deux hommes se lient d’amitié et commencent à s’entrainer régulièrement ensemble.

Suite à la démonstration de Long Beach, Bruce Lee fait parler de lui. On lui propose de faire une démonstration devant la communauté chinoise du Chinatown de San Francisco. Avec l’aide de Dan Inosanto, Bruce Lee fait une démonstration qui ne plait pas aux maîtres d’arts martiaux de chinatown et qui prennent cela comme une provocation. La communauté de San Francisco lance alors un défi à Bruce Lee et lui propose d’affronter Wong Jack Man, un jeune expert en arts martiaux chinois (style du Nord) fraichement arrivé de Hong Kong. Bruce Lee accepte, le combat a lieu à huit-clos dans l’école de Jun Fan Gung Fu de Oakland, en novembre 1964. Bruce Lee remporte cet affrontement sans grande difficulté, néanmoins, le combat dure trop longtemps selon son ressenti, autour de 3 minutes.

C’est à partir de cet événement que Bruce Lee va entreprendre de modifier son style de combat, ce qui aboutira à la création du Jeet Kune Do quelques années plus tard.

 

Au tournoi de Long Beach, Bruce Lee s’est fait repérer par des personnes influentes à Hollywood. On lui propose un casting pour le role principal d’une série nommée Charlie Chan’s Number One Son début 1965. Bruce Lee séduit les producteurs et signe un contrat pour tourner à Hollywood. Au même moment, deux événements importants marquent sa vie. Il vient d’être père avec la naissance de son fils Brandon et il perd son père, Lee Hoi Chuen. Durant l’été qui suit, Bruce Lee se rend à Hong Kong pour présenter son fils et sa femme à sa famille rester vivre dans la colonie britannique.

 

Hollywood et le Jeet Kune Do

En 1966, Bruce Lee et sa famille déménagent à Los Angeles. Bruce Lee travaille sur le tournage de The Green Hornet (Le Frelon Vert). La série met en scène les aventures Britt Reid, un héros connu sous le nom du Frelon Vert qui combat le crime. Il est aidé par Kato, son majordome, expert en arts martiaux.

La série concurrence directement une série sortie la même année, Batman, mais ne rencontre pas le même succès. Toutefois, elle permet de révéler Bruce Lee au public qui gagne une certaine notoriété.

Van Williams et Bruce Lee dans la série The Green Hornet.
Entrainement sur la plage de Palos Verdes Beach avec Dan Inosanto. 1966.
Jun Fan Gung Fu Institute de Los Angeles

La collaboration avec Dan Inosanto amène Bruce Lee à ouvrir une 3ème école de Jun Fan Gung Fu Institute dans le Chinatown de Los Angeles en février 1967.

Depuis son combat contre Wong Jack Man, Bruce Lee est en pleine réflexion sur sa manière de combattre. Le Wing Chun est son art martial de base, pour le combat rapproché et les techniques de trapping, mais Bruce Lee s’enrichit également d’autre système de combat comme la boxe anglaise, notamment pour le jeu de jambe et l’escrime, qu’il a appris de son frère Robert, pour le concept d’interception. Contrairement aux boxes où les armes les plus fortes sont derrière, Bruce Lee privilégie une garde où ses armes les plus fortes sont devant car plus souvent utilisées. Certaines techniques, comme le finger jab, deviennent ses armes favorites et il crée un style « Bruce Lee ».

Il nomme finalement sa méthode Jeet Kune Do 截拳道, « la voie du poing qui intercepte » The Way of Intercepting Fist, le 9 juillet 1967.

« Il y a trois possibilités de frapper un adversaire : avant qu’il n’attaque, pendant qu’il attaque ou après qu’il ait attaqué. Jeet Kuno Do signifie intercepter avant qu’il n’attaque – intercepter ses mouvements, ses pensées ou ses motivations ».

Bruce Lee

Le logo du Jeet Kune Do. Le Taiji (symbole du Yin/Yang) est entouré de deux flèches qui symbolisent l’interaction sans fin. En caractère chinois, il est écrit deux slogans du JKD : N’utiliser aucune méthode comme méthode » et « N’avoir aucune limite pour limite ». « Using no way as way » and « Having no limitation as limitation »

En parallèle de son entrainement aux arts martiaux, Bruce Lee s’entraîne comme un athlète pour se perfectionner, developper ses aptitudes physiques mais également pour se sculpter un corps ; il veut paraitre un héros devant la camera.

Sa petite notoriété lui permet de devenir professeur pour des personnes célèbres. Il donne des cours privés à Kareem Abdul Jabbar, le célèbre joueur de basket-ball et à deux karatekas de renom ; Mike Stone et Joe Lewis.

En 1967, il est de nouveau invité par Ed Parker, pour une demonstration au tournoi de Karate de Long Beach. Des milliers de personnes viennent voir les prouesses de Kato. La démonstration de Bruce Lee fait sensation, son fameux One Inch Punch, le coup de poing à très courte distance entre dans la légende et les full contact sparring avec Ted Wong et Taky Kimura ne laissent pas le public indifférent.

Le fameux One Inch Punch de Bruce Lee. Long Beach, 1967. Cliquez sur l’image pour lire la vidéo.
Bruce Lee démontre son Jeet Kune Do durant un full contact sparring aves ses élèves, Ted Wong puis Taky Kimura. Long Beach, 1967. Cliquez sur l’image pour lire la vidéo.

Bruce Lee profite de sa notoriété grâce à son personnage de Kato et parcourt les Etats-Unis pour faire des démonstrations. Les demandes sont telles que les tarifs peuvent monter jusqu’à 4000$ pour seulement quelques heures de présence de la star du Frelon Vert. Fin 1967, Bruce Lee est invité au Madison Square Garden de New-York pour faire un show, lors d’un championnat de karate. A cette occasion, il rencontre Chuck Norris gagnant d’un combat qui l’a opposé à Joe Lewis.

Pour autant, l’euphorie pour Kato s’essouffle très vite. La série du Frelon Vert  n’ayant qu’une saison de 8 épisodes, au bout de quelques mois les demandes se font rares et Kato tombe dans l’oubli. Plusieurs promoteurs proposent alors à Bruce Lee de lancer une chaîne d’école d’arts martiaux, Kato Karate Schools, mais Bruce Lee refuse. Il décide plutôt de devenir professeur privé pour les célébrités.

En 1968, Bruce Lee élargie son réseau d’élèves en cours particulier. Il fréquente plusieurs célébrités d’Hollywood comme : Vic Damone, James Coburn, Steve McQueen, Stirling Silliphant, Joe Hyams… Son tarif est de 150$/heure (équivalent de plus de 1000$/heure de nos jour).

Grâce à son nouveau job de coach privé pour les célébrités d’Hollywood, Bruce Lee et sa famille commencent à mener un train de vie aisé. Ils déménagent bientôt dans un des quartiers les plus chic de Los Angeles ; Bel Air.

Peu de temps après, Bruce Lee est père pour la seconde fois, sa fille Shannon nait en avril 1969.

Steve McQueen, Bruce Lee et Fumio Demura.
Mike Stone, James Coburn, Chuck Norris et Bruce Lee.

Fin 1968, Bruce Lee devient bien connu à Hollywood. Il est l’instructeur officiel d’arts martiaux des stars. Il augmente ses tarifs 275$/heure.

Bruce Lee fréquente aussi les soirées privées des célébrités à Hollywood, grâce à Steve McQueen notamment. Il espère rencontrer les bonnes personnes pour décrocher un rôle ou du moins un job à Hollywood. Lors de ces fêtes privées, la plupart des célébrités consomment des substances illicites. Bruce Lee se tient à l’écart de l’alcool, qu’il ne supporte pas, mais consomme de la marijuana, peut-être pour se faire accepter plus facilement par le gratin du show-business. En tant qu’hyperactif, la marijuana lui permettait également de se calmer.

Grâce à ses relations dans le show-business, Bruce Lee a l’opportunité de faire des apparitions dans quelques séries. En 1967, dans Ironside, et en 1969, dans Blondie et Here Come the Brides.

En 1968, il fait l’expérience de coach pour Steve McQueen pour le film The Reivers.

Fin 1968, il prévoit de faire le premier film d’arts martiaux d’Hollywood The Silent Flute avec l’aide de Stirling Siliphant pour l’écriture. Cependant, il n’arrive pas à convaincre Steve McQueen pour jouer dans le film. Le projet tombe à l’eau.

En 1969, il est chorégraphe pour les scènes de combat de The Wrecking Crew et de A Walk in a Spring Line. Toujours en 1969, il joue le rôle du villain dans le film Marlowe,  ou La Valse des Truants en français.

En mars 1970, lors d’un cours voyage à Hong Kong, pour arranger le visa de sa mère, Bruce Lee réalise que la série du Frelon Vert rencontre un grand succès à Hong Kong. Il est invité sur un plateau TV et est repéré par Lo Wei, un réalisateur du studio de cinéma la Golden Harvest. Quelques jours plus tard, lorsque Bruce Lee est rentré à Los Angeles, Raymond Chow, un producteur, le contacte pour lui faire une proposition mais Bruce Lee n’est pas intéressé. Il espère encore faire carrière à Hollywood et il se concentre sur le projet The Silent Flute qui vient d’être relancé par James Coburn.

Bruce Lee était un adepte de la musculation.

En août 1970, Bruce Lee se blesse gravement au dos (le 4ème nerf sacré), en voulant soulever 125 pounds (+ de 50 kg)  à la barre d’haltère en faisant l’exercice good morning. Sa convalescence dure plusieurs mois, les médecins ne sont pas optimistes. Il profite pour lire, en particulier Krishnamurti, et pour écrire 8 cahiers sur ses réflexion sur le combat. Linda publiera plus tard, The Tao of Jeet Kune Do, à partir de ces notes.

En janvier 1971, Bruce Lee sort enfin de convalescence, même si ses douleurs de dos sont encore persistantes. Il reprend le projet de The Silent Flute et part faire des repérages en Inde avec James Coburn et Stirling Silliphant.

Repérage en Inde pour le film The Silent Flute.

Les repérages en Inde ne sont pas concluants. Le projet The Silent Flute est définitivement abandonné. Hollywood ne sourit pas vraiment à Bruce Lee, sa carrière ne décolle pas. Financièrement c’est difficile car avec les nombreux mois d’arrêt de toutes activités suite à sa blessure, Bruce Lee n’a pas gagné d’argent. Il se tourne alors vers Hong Kong et relance Raymond Chow.

 

Le retour du Dragon à Hong Kong

En avril 1971, Raymond Chow engage Bruce Lee pour deux films avec la Golden Harvest ; The Big Boss et Fist of Fury. Pour Bruce Lee, ces films ne représentent qu’une opportunité financière. Il n’a pas réellement l’intention de faire carrière à Hong Kong et veut toujours tenter sa chance à Hollywood.

Son ami Stirling Silliphant lui permet d’ailleurs de décrocher un petit rôle dans la série Longstreet, il joue son propre personnage, Bruce Lee professeur de Jeet Kune Do. Il est aussi le chorégraphe des scènes de combat des premiers épisodes. Le tournage a lieu en juillet 1971.

Tout de suite après, Bruce Lee part pour la Thaïlande pour tourner The Big Boss. Le tournage est éprouvant car la chaleur est insoutenable et les conditions de travail sont difficiles. D’autant plus que Bruce Lee s’entend très difficilement avec le réalisateur, Lo Wei.

Lorsqu’il rentre à Los Angeles en septembre 1971, il tourne 3 autres épisodes de Longstreet. Il a l’occasion de mettre en scène sa philosophie du Jeet Kune Do et dit pour la première fois devant la caméra « Be water my friend » lors d’une scène de dialogue.

The Big Boss

Très vite, Bruce Lee commence à tourner Fist of Fury (La Fureur de Vaincre en français) sont 2ème film pour la Golden Harvest, toujours avec le même réalisateur Lo Wei. Le tournage à lieu à Hong Kong dans les studios de la Golden Harvest. Bruce Lee met en scène personnellement les scènes de combat.

En octobre 1971, la famille Lee se rend à Hong Kong pour faire la promotion de The Big Boss. Le film est un succès extraordinaire, il explose le box-office en faisant une recette de 3,2 million HK$ en 3 semaines. On estime à 1,2 million hongkongais qui ont vu le film sur une population totale de 4 million d’habitant à cette époque.

En novembre 1971, Hollywood rejète définitivement un projet de Bruce Lee nommé The Warrior et il apprend également que le rôle principal de la série Kung Fu est donné à David Carradine. Hollywood lui tourne définitivement le dos.

Le succès de The Big Boss change les plans de Bruce Lee. Il abandonne momentanément l’idée de se faire un nom à Hollywood, il vend sa maison de Bel Air à Los Angeles et s’installe Waterloo Hill non loin de Kowloon à Hong Kong.

L’interview de Bruce Lee – The Pierre Berton Show. 9 décembre 1971. Cliquez sur l’image our lire la vidéo)

En partenariat avec Raymond Chow, Bruce Lee crée la Concord productions, une société satellite de la Golden Harvest, ce qui va lui permettre d’être autonome pour son prochain film.

En mars 1972, Fist of Fury sort sur les écrans. C’est un succès phénoménal, encore plus grand que celui de The Big Boss. Les recettes du film s’élèvent à  4,3 Million HK$ en seulement 1 mois. Bruce Lee devient une superstar. Sa vie privée devient difficile, des foules de fans l’entourent à ses moindres apparitions en public. Il déménage dans une maison dans les beaux quartiers de Hong Kong à Cumberland road, Kowloon Tong.

Fist of Fury

En mai 1972, Bruce Lee part pour 10 jours à Rome pour le tournage de son prochain film, The Way of the Dragon (La Fureur du Dragon en français). Il tourne de nombreuses scènes en extérieur, dont celles autour du Colisée pour son combat avec Chuck Norris. Le reste du film est filmé à Hong Kong en studio. Bruce Lee s’engage pleinement sur ce film. Il est à la fois réalisateur, producteur, auteur du script, chorégraphe et acteur. Pour mener à bien ce projet, il s’entoure d’experts en arts martiaux pour rendre les scènes de combat plus crédibles et d’un autre niveau. Il engage Hwang In-shik un expert coréen en Hapkido, ainsi que Chuck Norris et Bob Wall, deux experts américains en Karate. Le combat final contre Chuck Norris devient le point culminant du film. Cette scène de combat devenue culte est toujours une référence même 50 ans plus tard.

The Way of the Dragon sort en décembre 1972. Il surpasse The Big Boss et Fist of Fury au box-office en atteignant rapidement les 5 millions HK$.

The Way of the Dragon

A peine le tournage de The Way of the Dragon terminé, Bruce Lee se lance immédiatement dans son prochain film The Game of Death (Le Jeu de la Mort en français), dès aout 1972. Il profite de la disponibilité de son ancien élève et basketteur Kareem Abdul Jabbar pour tourner quelques scènes du films. Le tournage de The Game of Death est pourtant mis en stand-by en octobre 1972, car un producteur de la Warner Bross vient annoncer une bonne nouvelle à Bruce Lee. Il sera la vedette de la première coproduction entre Hollywood et Hong Kong, pour le film Blood and Steel (qui sera plus tard renommé Opération Dragon).

Cliquez sur l’image pour lire l’article détaillé sur Game of Death.
C’est à cette époque qu’une réelle scission a lieu entre Bruce Lee et le clan Wing Chun de Hong Kong. Publiquement, il critique les arts martiaux traditionnels et cela ne plait pas du tout aux pratiquants d’arts martiaux de Hong Kong.
« Les méthodes d’entraînement des pratiquants d’arts martiaux chinois de nos jours reviennent à apprendre à nager sur la terre ferme »
Bruce Lee [5]

Il se fait plusieurs ennemies dans le clan Wing Chun et il aurait même combattu deux pratiquants en soft sparring devant Yip Man en personne et aurait largement dominé les affrontements. La presse connaissait ce malaise entre Bruce Lee, son Maître et le Wing Chun. Pour calmer les tensions, Bruce Lee fit une apparition en public à côté de son Maître Yip Man, lors d’une promenade le long de Nathan Road, pour montrer qu’il n’avait pas rompu le lien avec son Sifu.

Pour autant, lors du décès de Yip Man, en décembre 1972, Bruce Lee n’a pas été prévenu de la mort de son Sifu et n’a pas pu assister à ses funérailles. Ce fut à nouveau un scandale dans la presse de Hong Kong.

 

Le tournage de Enter the Dragon (Opération Dragon en français) débute en janvier 1973. Bruce Lee prend part à ce projet avec beaucoup d’enthousiasme car il espère que ce film lui ouvrira une bonne fois pour toute les portes d’Hollywood. Il s’impose comme l’acteur principal du film et est responsable des scènes de combat. Le tournage est très éprouvant, Bruce Lee perd 10 kg durant les 3 mois de tournage.
Enter the Dragon

Le 10 mai 1973, Bruce Lee participe à la post-production de Enter the Dragon dans les studios de la Golden Harvest. Les climatisations sont coupées pour permettre la prise de son des doublages du film. La chaleur est insoutenable, Bruce Lee fait un malaise. Il est conduit à l’hôpital. Il est sauvé de la mort in extremis, il vient de faire un oedème cérébral. Après plusieurs examens médicaux à Hong Kong et Los Angeles, les médecins se veulent rassurants sur l’état de santé de Bruce Lee.

Le 20 juillet 1973, Bruce Lee travaille de nouveau sur Game of Death chez l’actrice Betty Ting Pei. Il se plaint d’un mal de tête, prend un analgésique pour calmer sa douleur et s’allonge pour se reposer. Plus tard dans la soirée, Raymond Chow et Betty Ting Pei peinent à le réveiller, ils s’inquiètent et appellent une ambulance. Bruce Lee est conduit à l’hôpital. Il vient de faire à nouveau un oedème cérébral mais cette fois les médecins ne parviennent pas à le réanimer. Il meurt âgé de seulement 32 ans.


Voici donc mon résumé très succinct et orienté par ce que j’avais envie de dire sur la vie de cet homme fascinant. Encore une fois, je ne peux que vous recommander la lecture d’une bonne biographie pour connaître en détail la vie de cette célébrité passionnante.

Bruce Lee devient une icône après sa mort. Sa grande force est d’avoir créé son propre personnage, que l’on a pris plaisir à retrouver dans tous ces films ; une fureur, un cri, un coups de pied latéral, un nunchaku, un frottement de nez, un sautillement, une garde, un style de combat particulier…

Bruce Lee est parti trop vite et c’est ce qui a contribué à faire naître sa légende.

50 ans plus tard, il fait toujours partie de la pop-culture et représente encore une source d’inspiration qui semble inépuisable.


Source

[1] Bruce Lee, a life, POLY Matthew, Simon & Schuster UK Ltd, 2018

[2] Bruce Lee, Sifu, Friend and Big Brother, p31-33, PALMER Doug, Chin Music Press, 2020

[3] Bruce Lee, Sifu, Friend and Big Brother, p38-40, PALMER Doug, Chin Music Press, 2020

[4] Bruce Lee, Sifu, Friend and Big Brother, p95-134, PALMER Doug, Chin Music Press, 2020

[5] Bruce Lee, a life, p397, POLY Matthew, Simon & Schuster UK Ltd, 2018


 

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