Essai sur les origines de l’Auto-défense en Europe


« Chaque homme a la liberté d’utiliser son propre pouvoir pour la préservation de sa propre vie. »

« Léviathan » de Thomas Hobbes, 1651.

Voici donc mon troisième article publié sur Kung Fu Coffee Break – Martial Arts Culture and History. Il est le premier de la catégorie Auto-défense. Je vais aborder ici les origines de l’auto-défense tout en précisant la terminologie liée à ce domaine. J’ai intitulé cette article Essai car il s’agit tout d’abord de mon point de vue, et d’autre part, je vais m’intéresserai principalement aux origines du concept d’auto-défense en Europe.

Pour ma part, je suis pratiquant d’arts martiaux. Mes disciplines sont le Wing Chun et l’Eskrima. Je les pratique et les enseigne depuis plusieurs années avec comme objectif principal : apprendre à me défendre. L’auto-défense est donc pour moi une orientation que je donne à mes pratiques, un fil rouge qui guide mon enseignement.

 

Self-defense, auto-défense et défense personnelle : définition

En France, on recense plusieurs terminologies pour parler de la même chose : self-defense, auto-défense et défense personnelle. Ces 3 termes désignent une seule et même chose. Une définition donnée dans Protegor [1]  indique qu’il s’agit de l’ensemble des principes de combat visant à permettre la défense physique d’un individu en situation d’agression.

Le terme self-defense est largement répandu et utilisé dans l’univers des arts martiaux. Cependant c’est un terme anglais. Une traduction possible de self-defense peut être donc auto-défense. On parle aussi de défense personnelle. Self-defense, auto-défense et défense personnelle sont donc synonymes. Pour ma part, j’utiliserai dans ce blog, le terme auto-défense pour les articles en français et le terme self-defense pour les articles en anglais.

Le paysage français des arts martiaux et sports de combat est représenté par plusieurs pratiques avec des objectifs différents. Il y en a pour tout le monde ; sport de compétition, auto-défense, pratique traditionnelle, pratique culturelle, pratique de bien être… bien sûr certaines disciplines, peuvent mettre en avant plusieurs de ces objectifs. Un pratiquant peut voir aussi sa motivation évoluée avec le temps et changer d’objectif au fil des années. Sans pour autant changer de style, il peut faire évoluer sa pratique et la faire changer d’orientation. Les arts martiaux sont avant tout des arts vivants, exprimés par celui qui les pratique. Il est normal que ces pratiques évoluent, en même temps que la personne qui les exerce.

Cependant, on ne doit pas tout mélanger et il est important de comparer ce qui est comparable.

Revenons donc à l’auto-défense. C’est un concept en soit, mais ce n’est pas un art martial à part entière pour autant. C’est plutôt une orientation que vous donnez à votre pratique, à la manière dont vous entrainez et utilisez votre art martial. Si certains arts martiaux et sports de combat privilégient le plus souvent un aspect sportif et compétitif comme le Judo ou la Boxe anglaise, d’autres centre davantage, voir complètement, leur entrainement sur l’auto-défense. C’est le cas pour le Wing Chun, en tout cas tel qu’il m’a été transmis et tel que je le pratique depuis plus de 15 ans. C’est aussi le cas pour le Combate Eskrima Maranga que je pratique auprès de Maestro Rodrigo Maranga.

Maestro Rodrigo Maranga, leader du Combate Eskrima Maranga aux Philippines.

« Quelle est l’utilité d’un art martial si ce n’est pas d’être efficace ? » Maestro Rodrigo Maranga

Un bref historique de l’auto-défense dans nos sociétés modernes

L’auto-défense est un concept qui est née dans nos sociétés modernes. J’entends par là, des sociétés vivant en paix où la législation en vigueur n’autorise pas la violence entre citoyen par des duels ou autres « règlements de compte ». Des sociétés où le port d’arme est proscrit ou règlementé et où les forces de police sont en charge de la protection des citoyens. Des sociétés où tous les citoyens sont égaux, où il n’y a plus de castes sociales donnant à certaine catégorie de personne des droits sur d’autres. Le concept d’auto-défense n’a donc de sens qu’avec les lois qui vont avec (voir partie Légitime défense plus bas).

L’auto-défense, telle que je l’ai définie, est née en Europe vers la fin du 19ème siècle. Edouard William Barton-Wright avec sa méthode Bartitsu a été un précurseur dans ce domaine. Barton-Wright était un ingénieur britannique de chemin de fer, né en Inde en 1860. Au cours de sa carrière et de ses voyages, il s’initia à diverses pratiques martiales comme la Boxe anglaise, la lutte libre, la Savate, l’escrime et aux écoles de Jiu-jitsu 柔術 (ou Ju-jutsu) japonais ; Shinden Fudo et Kodokan Judo. De retour à Londres en 1898, il fit la synthèse de ses connaissances martiales et créa une méthode d’auto-défense qu’il nomma « Bartitsu » ; « Bart » de son nom de famille Barton-Wright et  « itsu » du mot japonais Jiu-jitsu. Ce système d’auto-défense cherchait le pragmatisme et l’efficacité en couvrant 4 distances de combat ; longue avec le maniement de la canne, moyenne avec les coups de pied, courte avec les coups de poing, saisies, contrôles et projections, puis au sol avec les immobilisations et achèvements [2].

Edward William Barton-Wright démontrant une technique de Bartitsu à l’aide d’une veste.

Le Bartitsu a donc été un MMA (Mixed Martial Arts) avant l’heure !

Dans les différents articles qu’a écrits Barton-Wright pour décrire sa méthode, il indiqua que c’était une méthode de défense urbaine pour les hommes et les femmes, pour se défendre des voyous et criminels des grandes villes. Barton-Wright établit le Bartitsu Club dans le quartier de Soho à Londres. Il y invita un grand nombre d’expert dans leur domaine pour enrichir son Bartitsu. Ansi la Canne et la Savate (Boxe française) ont été intégrées à sa méthode par Pierre Vigny. Influencés de près ou de loin par le Bartitsu, beaucoup d’autres adeptes de technique de combat vont s’intéresser à l’auto-défense ; comme Percy Longhurst, Emile André, Julien Leclerc, Georges Dubois ou encore Jean-Joseph Renaud. De nombreux ouvrages et articles dans les magazines sur la « défense dans la rue » sont publiés dès 1899.

La plupart de ces experts ont le même parcours que Barton-Wright ; ils pratiquent plusieurs méthodes européennes comme le maniement de la Canne, l’escrime, la Boxe anglaise, la Savate (Boxe française) et la lutte (style-greco-romaine).

En 1905, les parisiens découvrent le Jiu-jitsu japonais  qui devient très vite à la mode et s’impose comme une référence pour les techniques d’auto-défense de l’époque.

“Jiu Jitsu and Other Methods of Self Defense” de Percy Longhurst, 1906

« Certes, au point de vue du combat « dans la rue » la boxe française et la boxe anglaise comportent des lacunes. Mais le jiu-jitsieur, lui, ignore et les coups de pieds et les coups de poings ! Il ne vaut qu’en corps à corps. »

1905, Jean-Joseph Renaud.

Jean-Joseph Renaud lui même adepte de Jiu-jitsu, se veut plus nuancé que ses contemporains sur l’art martial japonais. Il  rédige plusieurs articles dans le magazine sportif La Vie au grand air de 1905 à 1912, puis un ouvrage conséquent en 1913, La défense dans la rue.  Tout comme Barton-Wright, Renaud préconise d’entrainer des techniques spécifiques pour se défendre sur 4 distances de combat. Il admet que chaque méthode martiale a ses points forts et ses faiblesses, et que seul un mélange cohérent permet de se défendre efficacement dans la rue ; la Canne pour la distance longue, la Savate pour la distance moyenne, la Boxe anglaise pour la distance courte et la lutte/Jiu-jitsu pour le combat rapproché et au sol. La démarche date du début 1900 et est pourtant similaire à celle du Jeet Kune Do de Bruce Lee des années 1960, ou plus récemment à celle du MMA !

La Savate utilisée pour la distance longue, Jean-Joseph Renaud. Source : La Vie au grand air (p29), le 6 octobre 1905.

C’est aussi à cette époque que naissent les techniques d’auto-défense spécialisées pour les femmes. Le Bartitsu londonien de Barton-Wright y dispense même des cours spécialisés dès 1900 [3].

La défense féminine, Jean-Joseph Renaud. Source : La Vie au Grand Air (p414), le 5 décembre 1908

 

Le Bartitsu proposait des cours spécialisés de défense féminine dès les années 1900.

Au cours du 20ème siècle, de nombreux systèmes d’auto-défense ont été créés. Le plus connu est certainement le Krav Maga.

Imi Lichtenfld, le fondateur du Krav Maga, est né à Budapest en 1910. Dans sa jeunesse, Il s’initia à plusieurs pratiques martiales comme la Boxe, la lutte et le Judo. Il eut l’occasion de mettre à contribution plusieurs fois ses compétences martiales pour se défendre des sympathisants nazis antisémites, dans la Tchécoslovaquie des années 1930 et 1940. En 1948, il immigra en Israël et devint formateur officiel des forces armées et de police du pays. Il nomma sa discipline Krav Maga de l’hébreux qui signifie « combat rapproché » [4].

Imi Lichtenfeld, le fondateur du Krav Maga, utilise un coup de talon pour maîtriser son adversaire. Source : Black Belt octobre 1992 (p57)

La plupart des systèmes modernes d’auto-défense, comme pour le Krav Maga et le Bartitsu, sont  des synthèses de principes, concepts et techniques de combat d’arts martiaux dits « traditionnels » ou sports de combat.

Mais que l’on soit expert en arts maritaux, en auto-défense ou citoyen lambda, l’utilisation de la violence envers un individu pour se défendre est réglementée par la loi. On parle de situation de légitime défense. Cette notion de légitime défense, propre à nos sociétés modernes, permet bien souvent de rendre légitimes les pratiques guerrières ancestrales issues pour la plupart du champ de bataille.

 

La légitime défense

Pour rédiger ce paragraphe,  je m’inspire principalement des propos tenus par Maître Thibaut de Montréal, avocat spécialiste de la légitime défense, lors du colloque de l’Institut pour la Justice, tenu à l’université de la Sorbonne, à Paris en 2012 [5].

La notion de légitime défense trouve très certainement ses origines aux prémices de l’humanité et de la vie en société. Cette notion est universelle et on peut la qualifier de droit naturel imprescriptible.

En 1651, Thomas Hobbes abordait déjà la notion de légitime défense dans son ouvrage majeur Leviathan. Il indique au début du chapitre 14 : « Le droit de la nature, que les écrivains appellent communément jus naturel, est la liberté que chaque homme a d’utiliser son propre pouvoir comme il le veut pour la préservation de sa propre nature ; c’est-à-dire de sa propre vie ; et par conséquent, de faire tout ce que, selon son jugement et sa raison, il concevra comme le moyen le plus approprié pour cela. »

Technique de contrôle, tiré d’un ouvrage de Niclause Petters publié à Amsterdam en 1674. Source : La Vie au grand air (p919), le 3 novembre 1905

En 1789, la notion de légitime défense est évoquée également comme droit naturel dans l’article 2 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyens.

Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’Homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et la résistance à l’oppression.

Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, Art. 2, 1789

Il semble tout à fait naturel qu’un animal en danger va par instinct faire tout ce qui lui est possible pour rester en vie. Fuir ou combattre sont les réponses naturelles que tout animal va utiliser pour assurer sa défense et donc sa survie.

Pour l’homme c’est un peu différent. Ce droit naturel nous y avons renoncé et nous l’avons délégué à l’Etat qui en est notre garant dans nos sociétés modernes. Cela fait partie de notre contrat social. Mais voilà, l’Etat n’est pas pour autant omniprésent et les forces de police ou de sécurité, qui sont les garants de notre sureté, ne sont parfois pas là en cas d’agression. Ce droit naturel nous devons alors le reprendre pour l’exigence de notre survie ou celle d’autrui.

D’après la pyramide de Maslow, ce besoin de sécurité est le deuxième besoin à satisfaire après les besoins physiologiques.

Toutefois, dans une situation d’agression, nous pouvons nous retrouver en conflit avec nous même et avoir des difficultés à agir avec lucidité.  Se défendre en portant des coups à quelqu’un « c’est mal » au plus profond de notre inconscient.  Selon la théorie psychanalytique de Sigmund Freud, la réponse instinctive et pulsionnelle « combattre » face à une agression physique est profondément ancrée dans le « ça ». Cette réponse est censurée par notre « surmoi », c’est à dire, par notre éducation, nos valeurs, notre éthique qui guide notre (bonne) conduite au quotidien. Le « ça », ici « combattre », rentre donc en conflit avec le « surmoi », ici « ne pas combattre, c’est mal ! », et empêche le « moi », notre conscience, à passer à l’action. C’est cette sensation d’être rouge de colère, d’avoir les poings serrés mais où rien ne se passe, si ce n’est des tremblements, et parfois même, des larmes de colère. Pas facile donc de passer à l’action, même si l’on est dans une situation d’agression où tous les critères de la légitime défense sont réunis.

L’inconscient freudien. Source : institut-pandore.com

La notion de légitime défense a évolué depuis la naissance de nos sociétés humaines primitives jusqu’à nos sociétés modernes. Certainement implicite lors des premières civilisations, aujourd’hui la légitime défense est une notion juridique. C’est est un fait justificatif qui va décharger de sa responsabilité pénale la personne en situation de légitime défense, lors d’une défense commise dans son intérêt ou celle d’autrui. La notion apparait dans le droit français dès 1810 dans le code pénal de Napoléon 1er. Aujourd’hui, la légitime défense est règlementée par l’article 122-5 du code pénal. Elle permet l’utilisation de la violence dans des conditions particulières pour se défendre ou défendre quelqu’un d’autre. En résumé :

L’ agression doit être imminente, réelle et injustifiée.

La riposte défensive doit être nécessaire, simultanée et proportionnelle à l’attaque.

Ces critères du code pénal français sont quasiment équivalents dans tous les pays d’Europe : immédiateté, nécessité, réciprocité/proportionnalité.

 

A travers les lectures des revues et manuels d’auto-défense du début du 20ème siècle, on peut se rendre compte de la richesse de ces méthodes vieilles de plus d’un siècle. Les objectifs des méthodes d’auto-défense n’ont guère évolués avec le temps : efficacité, pragmatisme, diversité des techniques et globalité du combat sont au centre des pratiques modernes comme celles du passé, pour répondre aux problématiques complexes de situation d’agression de rue.

Le développement des grandes villes européennes comme Londres ou Paris, propice aux développements économiques, aux échanges commerciaux et culturels mais aussi au développement de la délinquance et de la criminalité, a permis l’émergence de méthodes d’auto-défense recherchant le pragmatisme et l’efficacité.

Dès 1900, il y a cette idée de vouloir combiner plusieurs arts martiaux pour rendre une méthode complète susceptible de répondre à la diversité d’un combat de rue. Les pratiquants de l’époque considéraient déjà les arts martiaux (ou sports de combat) comme la Boxe anglaise, la Savate ou encore le Jiu-jitsu comme étant incomplets selon la distance de combat utilisée ou selon les différentes situations rencontrées.

Il faut, en somme, étudier plusieurs sports de combat pour un, afin d’en combiner l’emploi, au besoin, mais aussi pour employer l’un ou l’autre isolément, suivant les circonstances.

L’Art de se défendre dans la rue, (p8) de Emile Andre, 1929

Du Bartitsu au Krav Maga, en passant par des méthodes plus modernes ayant comme objective l’auto-défense, toutes ces disciplines sont le fruit d’un mélange de différents arts-martiaux ou sports de combat. Toute réflexion sur le combat de rue semble donc amener à une méthode d’arts martiaux mixtes (MMA). Bien sûr, je ne parle pas ici de la discipline sportive moderne, mais plutôt du concept visant à mélanger différentes pratiques martiales pour améliorer l’efficacité de la méthode utilisée.

Quand est-il alors des styles plus singuliers, comme le Wing Chun où le Systema par exemple, qui prétendent répondre à l’objectif d’auto-défense sans pour autant se mélanger avec d’autre méthode ?

Je propose un début de réponse pour le Wing Chun, l’art martial que je pratique.

On peut tout d’abord considéré que le Wing Chun est aussi un art martial mixte (MMA). Je m’explique. Le Wing Chun a été créé vraisemblablement dans la première moitié du 19ème siècle et d’après les théories les plus actuelles, plusieurs styles de Kung Fu seraient à l’origine de cet art martial. Le Wing Chun serait alors un Kung Fu hybride, influencé par les théories et techniques d’autres arts martiaux. On peut donc dire que le Wing Chun est un MMA chinois, datant du 19ème siècle ! Je conviens que la formule est totalement anachronique.

En fait, la plupart des arts martiaux se sont façonnés au cours d’un processus d’évolution et de perfectionnement où très souvent les influences extérieures ont modifié l’art martial originel. A mon sens c’est tout a fait normal car comme je l’ai dit plus haut, les arts martiaux sont des arts vivants qui évoluent avec les personnes qui les pratiquent.

Concernant ma propre expérience du Wing Chun, en toute sincérité je pensais moi-même que cet art martial n’allait pas répondre à mon besoin d’apprendre à me défendre en totalité. Séduit par les écrits de Bruce Lee et sa philosophie du Jeet Kune Do sur l’art du combat, je pensais devoir m’enrichir de plusieurs méthodes pour trouver ma propre façon de combattre et être un pratiquant complet. Le Wing Chun offre cependant une grande diversité de techniques et une très grande adaptabilité dans sa pratique, permettant de répondre à une multitude de situation avec fluidité. Je ne prétendrai jamais que ce style est le meilleur système d’auto-défense, je dis tout simplement qu’il me convient personnellement. Le Wing Chun est un système régi par des concepts et des principes, c’est à dire qu’il est capable de s’adapter à l’imprévu et à toutes les situations que l’on peut rencontrer.

« La théorie du Wing Chun n’a pas de limite dans ses applications. »

Kuen Kuit (proverbe) du Wing Chun

Pourtant, on peut voir de nombreuses écoles de Wing Chun pratiquer en parallèle le Jiu-jitsu brésilien, méthode réputée pour être efficace au combat au sol. En effet, dans le cursus traditionnel du Wing Chun le combat au sol n’existe pas. Ip Man n’a certainement jamais enseigné le combat au sol car cette dimension du combat ne faisait tout simplement pas partie de son monde. Toutefois, comme l’a dit mon Sifu un jour : « Le Wing Chun est comme un grand arbre sur lequel certaines branches se sont beaucoup développées et ont donné de beaux fruits, tandis que d’autres branches n’ont pas encore eu le temps de s’épanouir. » Belle métaphore qui illustre le processus d’évolution du système et son adaptabilité aux problèmes actuels.

Certaines lignées de Wing Chun, comme la mienne, ont donc développé une stratégie pour le combat au sol en utilisant les techniques et les principes du système. Même si cela n’est certainement pas aussi complet que les méthodes spécialisées au sol, cela suffit pour résoudre les situations standards lors d’une agression face à une personne lambda. Et puis après tout, avez-vous réellement envie de placer dans la rue un étranglement, une immobilisation ou une clé de bras face à un adversaire au sol, lorsque d’autres assaillants vous rossent de coups ? Pas si sûr.

Robert Downey Jr. en garde dans « Sherlock Holmes », de Guy Ritchie, 2009.

Pour terminer cet article, je voudrais faire une allusion au film « Sherlock Holmes » car il met en scène à la fois le Bartitsu et le Wing Chun.

En 1901, Arthur Conan Doyle, l’écrivain auteur des romans de Sherlock Holmes, évoque le Bartitsu, sous le terme « Baritsu », dans la nouvelle intitulée La maison vide mettant en scène le célèbre détective. Incarné au cinéma en 2009 par Robert Downey Jr, le Baritsu est mis à l’honneur à plusieurs moments dans le film. Toutefois, c’est Eric Oram, instructeur de Wing Chun et Sifu de Robert Downey Jr, qui a été consultant pour les scènes de combat du film Sherlock Holmes (cliquez sur l’image ci-dessus pour voir la vidéo sur la chorégraphie de la scène de combat de « Boxe »).

Comme quoi, le pragmatisme du Wing Chun a su réincarner le Baritsu de Sherlock Holmes à l’écran !


Sources

[1] Protegor – Guide pratique de sécurité personnelle, self-défense et survie urbaine, p364, MOREL Guillaume et BOUAMMACHE Frédéric, AMPHORA, 2017

[2] magazine Budo international, n°320, sept 2016

[3] magazine Budo international, n°320, sept 2016

[4] magazine Black Belt (p56), oct 1992

[5] youtube.com > Me Thibaud de Montbrial – La légitime défense


 

3 commentaires

  1. Bonjour,
    Quels sont les art martiaux, self defense et sport de combat qui regroupe les 4 distance de combat?
    Bien à vous
    Wathlet Rudy

    1. Bonjour,
      Tout dépend la méthode pratiquée, la notion de distance peut être différente d’un art martial, sport de combat… à un autre.
      Par exemple, en Wing Chun, la distance de poing est plus rapprochée que la distance de poing utilisée dans la plus part des boxes pieds-poings (je parle en tout cas pour ma pratique du Wing Tsun de la lignée de Maître Leung Ting).
      Concernant les 4 distances de combat indiquées dans cet article, elles proviennent des méthodes de combat exposées par Edouard William Barton-Wright et Jean-Joseph Renaud au début des années 1900. Concrètement on distingue, du plus proche au plus éloigné, la distance de corps à corps, la distance de poings, la distance de jambes et la distance d’armes avec l’utilisation de la canne.
      Du moment que vous intégrez une arme dans votre pratique vous allez travailler sur des distances plus grandes.
      De nombreux arts martiaux et méthodes de self-défense travaillent tout cela. C’est le cas pour le Wing Tsun et l’Eskrima que je pratique.
      Je vous conseille de regarder la vidéo ci-dessous, concernant les notions de distance exposées par Mickael Illouz, un expert en self-défense (silat), c’est super intéressant.
      https://youtu.be/8IRu_619DyE?t=271
      J’espère avoir répondu à votre question 😉

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