Combat contre plusieurs personnes : difficile mais entraînable


En situation d’auto-défence le un contre un est déjà difficile. Le un contre plusieurs l’est davantage c’est indéniable. Dans une dynamique d’agression, l’agresseur choisit sa victime en fonction de sa capacité à exécuter au mieux son attaque. C’est à dire que l’agresseur mesure, parfois même de manière inconsciente, les probabilités qu’il a de réussir son assaut sur la victime qu’il a choisis. Pour faire simple, si le contexte lui semble défavorable il n’attaquera pas, mais s’il pense qu’il sera capable de mener à bien son assaut, il attaquera. Autrement dit, le rapport de force doit être en faveur de l’agresseur pour qu’il passe à l’acte. Une situation où la victime est seule face à une bande de voyou, permet facilement de faire pencher la balance côté agresseur(s).

Rory Miller, un expert américain en auto-défense, désigne par Monkey Dance (la danse de singe) le rituel de domination et d’approche d’un agresseur. J’ai déjà présenté la Monkey Dance dans l’article Distanciation sociale : un paramètre déterminant pour l’auto-défense. Miller désigne également par Group Monkey Dance (la danse de singe en groupe), la dynamique d’agression menée par un groupe d’individus. Cette dynamique de groupe se caractérise par la dispute des membres du groupe pour avoir un certain statut au sein de celui-ci, ainsi que la démonstration de loyauté à l’égard du groupe en malmenant les personnes étrangères à celui-ci. Cette dynamique commune peut être d’une extrême violence. Elle désinhibe souvent les pulsions et permet à certain membre du groupe de commettre des violences qu’il n’aurait pas commis individuellement. [1]

 

Retour sur expérience

Parce que « l’entrainement ne remplace pas l’expérience. » Rory Miller [2]

Pour ma part, je me suis retrouvé dans cette situation à plusieurs reprises. Cela fait longtemps maintenant mais j’ai une relative bonne mémoire des événements. Sans doute que la peur ressentie à ce moment-là a cristallisé ces souvenirs. Lors de ces situations, dans un premier temps, ma (notre) stratégie a été de fuir et d’éviter le conflit, malgré les interactions verbales, insultes et bousculades. Je raconte plus bas, un résumé succinct de 4 situations que j’ai vécues pour illustrer mon propos. Je ne rentrerai pas dans les détails, ni n’expliquerai le contexte qui ont amené à ces événements de menaces et d’agressions. Retour sur expérience.

J’ai grandi dans les années 90 avec les beat them all… et quelques fois, la réalité a rejoint la fiction ! Source : Streets of rage 4 (image de actugeekgaming.com)

Ci-dessous, deux situations qui sont restées à l’état de menaces sérieuses.

Première situation. Nous étions cinq (quatre garçons et une fille) menacés par un groupe d’au moins 20 personnes. Parmi ces personnes, seules deux ou trois étaient vraiment menaçantes et meneuses du groupe, les autres étaient simplement suiveuses, mais la pression était intense et palpable. Quand la tension a atteint son paroxysme nous étions encerclés et statiques, la fuite n’était plus possible. L’un des membres du groupe m’a alors lancé un coup de pied direct que j’ai intercepté et que j’ai renvoyé vers lui, provoquant sa chute devant ses pairs. La situation était alors au bord de l’explosion et nous étions à la limite du passage à tabac. Heureusement, une personne d’un fort charisme (appelons-le l’ange-gardien) s’est interposée et a dit quelque chose comme « Ils ne sont que 4 et vous êtes nombreux ! Si vous êtes courageux, que 4 d’entre vous s’avancent au milieu pour les affronter ! » Quelques secondes sont passées sans que personnes dans le groupe des agresseurs ne fassent un pas en avant. A ce moment-là, l’ange-gardien s’est retourné vers nous et nous a dit plus ou moins discrètement « Cassez-vous de là et vite fait ! ». Il nous a clairement sauvé la mise ce jour-là, nous avons pu partir en évitant de nous battre.

Deuxième situation. J’ai été menacé par un groupe de 6 ou 7 personnes accompagnées de 2 pittbull. J’ai grandi dans les années 90 et ces chiens de combat étaient très répandus là où je vivais. Je dis « chien de combat » car c’est l’utilisation qu’on en faisait à l’époque. Les maîtres de ces chiens étaient le plus souvent des voyous. J’avais une peur bleue de ces molosses et de leurs réputations. Lors de cette altercation, je n’avais qu’une seule chose en tête ; la fuite. Sans courir mais avec un bon pas, je suis passé au travers de mon groupe d’agresseur en subissant leur menaces, insultes, gifles et bousculades, en baissant la tête sans rien dire. Ils m’ont mis un bon coup de pression, les chiens ont aidé, mais j’ai pu m’enfuir en évitant l’affrontement physique.

 

Ci-dessous deux autres situations où je me suis battu franchement face à un groupe d’agresseurs.

Troisième situation. Nous étions 4 potes et nous avons croisé une bande de 7 ou 8 personnes. Quelques échanges de regards, quelques paroles échangées, la tension est vite montée entre nos deux groupes. Nous avons fui dans un premier temps, tout simplement en changeant de lieu mais l’autre groupe nous a suivi et commençait à devenir vraiment menaçant. Un de mes potes (appelons-le Berserk)  en a eu marre et est rentré dans le tas, en attaquant le plus costaud de la bande adverse. Tout le monde observait la scène. Berserk avait clairement le dessus sur son adversaire. A ce moment-là, 2 ou 3 membres du groupe adverse sont passés à l’action pour frapper Berserk. J’ai moi-même participé à la mêlée en tentant de protéger au maximum Berserk, tandis que mes deux autres potes, par peur, se sont défilés. Au final, Berserk et moi, avons pris le dessus sur nos adversaires et nous avons pu partir sans que la bande de 7 ou 8 nous suive.

Quatrième situation. La plus sérieuse et compliquée des 4 situations que je présente. J’ai croisé les mauvais gars, au mauvais endroit, au mauvais moment. Ils étaient deux et m’ont interpellé, la pression est montée crescendo, je répondais à leurs propos tout en continuant de marcher car je n’avais vraiment pas envie de discuter avec eux. Je ne faisais clairement pas le poids face à ces deux gars. Lorsque la pression était trop forte pour moi, j’ai préféré prendre l’initiative en poussant le plus fort possible l’un deux et en les sommant de me laisser tranquille. Mauvaise idée, le gars que j’ai poussé s’est jeté sur moi. Après quelques échanges de coups, il y eut une saisie au corps à corps et j’ai finalement chuté. La suite fut rude. J’ai subi un ground&pound pendant que le deuxième assaillant me lançait des coups de pied dans la tête. Après quelques secondes de déferlement, j’ai réussi à m’extraire, me relever et à m’enfuir en courant. J’ai clairement perdu cet affrontement, mais avec le recul, je me dis que je m’en suis plutôt bien sorti car je n’ai eu aucunes blessures graves. Juste quelques écorchures, ecchymoses, hématomes… et un bon stress post-traumatique !

 

Je suis conscient que certaines personnes ont connu des situations bien plus rudes et difficiles. J’ai eu l’occasion d’échanger à ce sujet avec mes partenaires d’entrainement et mes élèves, dont certains ont vécus des situations difficiles, parfois dans le cadre de leur métier en tant que policiers, agents de sécurité ou videurs. Néanmoins, les situations que j’ai présentées sont bien réelles et elles m’ont profondément marquées. Toutes expériences doivent être profitables, les vécues bien sûr mais également les racontées.

 

Le combat contre plusieurs dans le Wing Chun

Lorsque j’ai découvert le Wing Chun en 2004 dans l’école de mon Sifu, à ma grande surprise, j’ai appris que cette situation difficile était abordée sérieusement à l’entrainement. Cet apprentissage faisait partie du programme pédagogique pour les élèves les plus avancés. Après 2008 et l’impact de la sortie de Ip Man, le film de Wilson Ip, le combat contre plusieurs personnes a suscité la curiosité de nombreux élèves au sein de l’école. En effet, ce film a permis de populariser le Wing Chun en France, qui était alors assez méconnu au début des années 2000, et a attiré de nombreuses personnes. Je pense sincèrement que cela a été favorable à l’ouverture de mon école en 2011. La scène où le personnage de Ip Man affronte 10 japonais est mémorable. Elle était, et l’est toujours encore, évoquée et appréciée par les élèves. J’ai cependant un regard critique sur cette scène, qu’on nommera dans cet article la scène du dojo.

Dans les lignes qui suivent, je ne parlerai pas des aspects esthétique et scénaristique de cette scène de combat mais seulement de l’aspect martial (technique, principe et stratégie).

Scène désormais culte, où Ip Man affronte 10 personnes. Source : Ip Man, film de Wilson Ip, 2008. (Cliquer sur l’image pour lire la vidéo)

De manière générale, j’ai apprécié les scènes de combat de ce film car je les trouve assez représentatives du système. Toutefois pour la scène du dojo, j’ai un avis beaucoup plus nuancé. La prestation de Donnie Yen est percutante et ne laisse pas indifférent le spectateur, c’est indéniable. Pour autant, concernant la thématique de cet article, je trouve qu’il s’agit principalement d’un affrontement à un contre un, où le personnage de Ip Man affronte ses adversaires les uns après les autres, plutôt qu’un combat à un contre plusieurs. En effet, la pluspart du temps, les adversaires tournent autour de Ip Man et se lance sur lui une fois qu’il est « disponible », lui permettant même de pouvoir « finir » ses adversaires au sol à quelques reprises. A certains moments seulement, Ip Man est confronté à plusieurs personnes en même temps. Cette scène est finalement assez ressemblante aux scènes de dojo de Bruce Lee dans la fureur de vaincre (1972) et de Jet Li dans le baiser mortel du dragon (2001). Même si j’ai adoré ces films, cela reste du cinéma, on est bien éloigné de ce que peut-être une situation de combat contre plusieurs personnes en réalité.

 

Pour autant, dans de nombreuses écoles de Wing Chun la dimension du combat contre plusieurs personnes est souvent entrainée. Comme le précise Benjamin Judkins, il s’agit d’avantage d’un enseignement moderne de la lignée de Ip Man [3]. Un exemple de cette pratique est montré dans la série documentaire Fight Quest paru en 2011. Lors de l’épisode 13 consacré au Wing Chun, Doug Anderson, un des deux protagonistes de Fight Quest, est confronté à une mise en scène simulant une attaque de plusieurs personnes dans une ruelle étroite de Hong Kong.

Il faut dire que les techniques et principes du système se prêtent à un affrontement contre plusieurs personnes. Passons en revue quelques-unes d’entre elles.

Tout d’abord, le Wing Chun est un système qui met l’accent sur les percussions. C’est un critère essentiel pour causer des dommages et mettre fin à un affrontement rapidement. Les clés articulaires, les techniques de luttes, de contrôle… ne sont pas des techniques adaptées à une situation de combat contre plusieurs personnes (voir mon article sur le Dim Mak). Il en est tout autant pour le combat au sol, et en Wing Chun, on cherche à combattre debout. On ne peut pas envisager un juji gatame sur un adversaire alors que d’autres opposants vont vous lancer des coups de pied dans la tête.

Au niveau de la posture, la tête est en arrière ce qui permet d’avoir une vision périphérique assez large, non négligeable pour repérer plusieurs attaquants, surtout lorsqu’on est contraint par « la vision du tunnel » (voir mon précédent article, partie A propos de la peur).

Enfin, combattre plusieurs personnes implique une maîtrise pointue des déplacements. C’est une notion fondamentale car la gestion de l’espace est bien différente lorsqu’on fait face à plusieurs personnes à la fois. A première vue, les déplacements du Wing Chun, et les techniques de jambes en général, peuvent s’avérer très simplistes. Après tout, en tant que style du sud, l’accent est principalement mis sur les techniques des membres supérieurs. Nan Quan Bei Tui 南拳北腿 dit un vieux proverbe chinois ; les poings dans le sud et les jambes dans le nord. Toutefois, Leung Ting considère que les techniques de jambes sont les compétences les plus avancées du système [4]. Cela implique les déplacements ainsi que les techniques d’attaque avec les jambes (coups de pied, de genou, balayage… ) [5].

Concernant les déplacements, dans les formes du Wing Chun, ils peuvent paraître assez rudimentaires par rapport à d’autres arts martiaux chinois. En effet, la première forme, Siu Nim Tau 小念頭, est statique et concrètement il n’y a aucun déplacement. Dans les formes suivantes, Chum Kiu 尋橋 et Biu Tze 標指, les déplacements s’effectuent sur des lignes, et ne semblent pas tellement évolués. Cependant, les formes du Wing Chun sont très conceptuelles et tout interprétation hâtive est réductrice. Les déplacements doivent faire l’objet d’autres exercices en adéquation des techniques de bras. Un bon exemple est la forme du mannequin de bois. On peut voir que sur certaines sections de la forme les déplacements sont plus riches et invite le pratiquant à passer de la gauche du mannequin vers la droite et vice-versa.

Un autre outil interessant pour travailler les déplacements est le tripodal dummy ou Saam Sing Chong 三星樁. Il permet également de travailler les techniques de coups de pied dans plusieurs directions différentes, un concept parfois utile pour affronter plusieurs personnes à la fois.

Wai Laisheng démontre des techniques de coups de pied sur le 三角樁 Saam Gok Chong (Triangle Posts). Bien qu’il ne s’agît pas ici de Wing Chun mais de Taiji, les poteaux en bois sont disposés de la même manière et la méthode d’entrainement utilisée reste similaire. Je trouve le parallèle d’autant plus intéressant que Wai Lensheng a fait toute sa carrière dans le sud de la Chine. On peut supposer qu’il a échangé certaines connaissances, outils et méthodes d’entraînement avec d’autres arts martiaux du sud de la Chine comme le Wing  Chun. Source : The Taiji Manual de Wan Laisheng, 1932 (brennantranslation.wordpress.com)

Nan Quan Bei Tui 南拳北腿, les poings dans le sud et les jambes dans le nord, pas si sûr donc, les techniques de coups de pied sont également très riches dans les arts du sud même si elles ne sont pas exécutées de la même manière que dans les arts du nord. D’ailleurs, plusieurs élèves de Ip Man ont vanté les techniques de jambes subtiles du Grand Maître.

« Ip Man était très habile en jeu de jambes. Il pouvait donner des coups de pied d’une manière qu’aucun de ses élèves de l’époque ne pouvait reproduire. » Leung Ting [5]

« Ip Man excellait dans son jeu de jambes et ses coups de pied. C’était comme s’il n’avait pas d’ombre. Il pouvait donner des coups de pied de n’importe quelle position. » Roland Tong [6]

Ip Man démontrant une technique de coup de pied au combat rapproché.

 

Comment entraîner le combat contre plusieurs personnes ?

Parce que « l’expérience ne remplace pas l’entrainement. » Rory Miller [2]

L’apprentissage du combat contre plusieurs personnes doit être réservé à des élèves avancés ayant des bases solides (dans la pluspart des systèmes de graduation ; les ceintures noires) car il convient de se concentrer sur la stratégie et laisser l’intellect libre de toute réflexion technique. Il est primordial d’avoir au préalable un bon bagage technique suffisant et efficient, ainsi que de bons automatismes, pour pouvoir aborder cette dimension du combat contre plusieurs personnes.

Certains ont le mérite de s’être penché sur le sujet pour essayer de dégager les principes et les stratégies les plus importants pour faire face à un groupe d’adversaire. Je pense notamment à Mark Phillips, professeur de Wing Chun à Londres (voir la chaîne youtube Fight SCIENCE et londonwingchun.co.uk).

Ci-dessous, quelques principes et stratégies à avoir à l’esprit :

  • Prendre en considération le groupe d’adversaire et ne pas se focaliser que sur une seule personne. Il faut être en mesure de voir tous les autres.
  • Ne pas se laisser encercler par les adversaires, rester en mouvement pour être à l’extérieur du groupe en imposant à vos adversaires de créer un « entonnoir » devant vous.
  • Rester debout, ne pas combattre au sol, ni envisager de contrôler un adversaire au sol.
  • Utiliser des obstacles, un adversaire peut en gêner d’autres par exemple. Penser également aux éléments du terrain (voitures, poteaux, arbres…).
  • Être agressif et menaçant. Ne pas attendre ses adversaires mais au contraire les attaquer pour semer le trouble et empêcher qu’ils ne s’organisent.
  • Éliminer en priorité certaines personnes du groupe. Éliminer le leader, ou le plus costaud, peut suffire à effrayer les autres.
  • Envisager une sortie, une fuite, dès que possible.
Séance d’entrainement avec mes élèves ; un versus plusieurs. Source : photo personnelle.

Quelques conseils d’entrainement :

  • Entrainer les attaquants. Il n’est pas si facile d’attaquer quelqu’un qui est mobile. Il ne faut pas être gêné par les autres et savoir gérer l’espace et ses déplacements.
  • Commencer par travailler en module de 1 vs 2, avec différentes stratégies.
  • Travailler les déplacements. On ne peut pas rester au centre et affronter ces adversaires un par un. La scène de dojo fonctionne au cinéma mais pas en réalité.
  • Tester en vitesse réelle avec des équipements de protection.
  • Filmer les prestations. Faire un debriefing et comparer l’évolution de la pratique.
  • Intégrer des armes pour susciter de nouvelles stratégies. Se rendre compte de la difficulté. Rester humble.
  • Se mettre au sol et subir une ruée de coups de plusieurs assaillants. Essayer de se relever et de fuir. Se rendre compte de la difficulté. Rester humble.

 

Conclusion

Prendre la fuite, éviter l’affrontement est souvent la meilleure des solutions dans une situation d’auto-défense. J’ai déjà abordé cela dans mon précédent article. Face à plusieurs adversaires, courir est certainement la meilleure option. Mais le fight-or-flight n’est parfois pas un choix. Certaines situations s’imposent d’elles-mêmes. De mon point de vue, on ne peut pas ignorer cette dimension de l’auto-défense en disant simplement « C’est impossible, il faut courir ! ». Il faut s’y attarder et l’entraîner sérieusement. Quoi qu’il en soit, c’est un très bon exercice à la fois très stressant et fun, qui permet de tester sa combativité sous haute pression.

Et cela permet aussi de relativiser et d’acquérir un peu d’humilité ce qui n’est pas négligeable pour les pratiquants d’arts martiaux qui ont souvent beaucoup d’ego !

Juste pour le fun, une de mes scènes préférées de beat them all au cinéma. Source : Old Boy de Park Chan-Wook, 2003. (Cliquer sur l’image pour lire la vidéo)

Source

[1] Meditations on Violence, A Comparaison of Martial Arts Training & Real World Violence, p49-52, MILLER Rory, YMAA Publication Center, 2008

[2] Ibid. p71

[3] https://chinesemartialstudies.com/2012/12/03/ip-man-and-the-roots-of-wing-chuns-multiple-attacker-principle-part-2/

[4] Roots and Branches of Wing Tsun, p76 , LEUNG Ting, ed. Leung Ting Co, 2000

[5] Ibid. p202

[6] Wing Chun Illustrated, issue 36, p47, BATTAGLIA Kleber, MUI FA Publishing, 2017


 

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